’Instituto nacional de vitivinicultura à Mendoza en Argentine a compilé les prévisions de récolte établies par différentes agences publiques et entités privées jusqu’au 15 février. Résultat : au niveau national, la production en 2023 devrait régresser de 21% par rapport à l’an dernier pour avoisiner 15 millions de quintaux, contre 19,4 millions en 2022. En cause : des épisodes de gel et des orages de grêle, exacerbés par un manque d’eau. « Les aléas climatiques, la régression des surfaces plantées et le manque d'eau pour l'irrigation nous amèneront vers l’une des récoltes les plus faibles de ces dernières années », a expliqué Martin Hinojosa, président de l’Institut. « La météorologie nous punit de plus en plus fréquemment et nous devrons commencer à travailler sur des défenses efficaces et modernes qui nous permettront de lutter et de continuer à produire ».
Si l’on compare les prévisions pour 2023, en effet, à la production moyenne sur douze ans, entre 2011 et 2022 (23 410 759 quintaux), la baisse des volumes s’établit à -34%, soit une perte de quelque 8 millions de quintaux. Cette année se caractérisera également par une forte hétérogénéité des volumes, selon les secteurs mais aussi en fonction des techniques mises en œuvre. L’irrigation au goutte à goutte et les filets anti-grêle, pour ne citer qu’eux, auront permis à certains producteurs d’éviter le pire. Seuls points positifs : la faible incidence de maladies liée à l’absence de précipitations et des qualités jugées globalement très bonnes. Il n’en reste pas moins que la campagne sera compliquée pour la filière vitivinicole argentine et les viticulteurs exigent des prix en adéquation avec les faibles volumes récoltés. Fin janvier, les représentants syndicaux des deux principales provinces productrices – Mendoza et San Juan – se sont entendus pour émettre un barème de tarification qu’ils souhaitent faire respecter par les bodegas.
Dès la fin 2022, lorsque les perspectives d’une petite récolte en 2023 se confirmaient, les disponibilités ont commencé à baisser et les prix se sont raffermis. D’après la société de courtage internationale Ciatti, le prix des malbec en entrée de gamme destinés à l’exportation a fait un bond, dans certains cas, de 50% sur douze mois pour s’établir entre 1,35 et 1,50 USD le litre. Les disponibilités en blanc devraient être particulièrement touchées, notamment celles des cépages tels que le chardonnay et le sauvignon blanc. Ce dernier a d’ailleurs suscité un tollé au sein de la filière lorsque le géant Peñaflor a été autorisé à en importer 564 000 litres. « Il s'agit d'une affaire unique très exceptionnelle autorisée par le Secrétaire d’Etat au Commerce », s’est défendu le Secrétaire d’Etat à l’Agriculture Juan José Bahillo. « Il s’agissait d'un engagement que la cave avait pris à l'étranger pour ne pas perdre un marché. En raison de la grêle, des vendanges tardives et de différents problèmes climatiques, elle n'a pas pu obtenir ce vin pour respecter cet engagement ». Les autorités argentines se sont, elles, engagées à ne pas autoriser les importations et à prioriser la production nationale, « tant que le dernier raisin cultivé en Argentine n’aura pas été vendu », a affirmé le ministre de l’Economie Sergio Massa qui a également annoncé l’attribution d’aides non remboursables aux producteurs.