omment ne pas avoir tous les œufs dans le même panier : c’est la problématique mise sur la table, ce vendredi 17 février, en assemblée générale de la Fédération des Vignerons Indépendants de Gironde.
Pour y répondre, François Rauscher, responsable filières agricoles et diversification de la Chambre d’Agricuture de Gironde, a présenté un plan d’action. En préambule, il a tenu à marquer son étonnement : « Je suis depuis 30 ans dans ce département et si on m’avait dit que je viendrais vous parler de vaches, de kiwis, de noisettes, je n’y aurai pas cru ».
Sauf qu’aujourd’hui veaux, vaches, cochons sont appelés à la rescousse pour sortir de l’ornière une filière mal en point. Outre le fait que la diversification puisse être multiple, qu’il s’agisse de productions animales ou végétales, Francois Rauscher a d’abord mis l’accent sur l’aspect humain : « Il est primordial, au-delà de l’approche technique et économique. Pourquoi se diversifier, quelles sont les motivations, comment faire passer le message à sa famille et à l’environnement » a t-il indiqué.
Les productions végétales sont en plein développement. La noisette vous tente ? Sachez que la filière recherche 200 à 300 ha de noisetiers à planter. Comptez sur une surface minimum de 10 ha, avec irrigation obligatoire, un investissement de 15 000 €/ha et une marge brute de 2800€/ha.
L’huile d’olive ? La production française est faible et la demande est forte pour une huile française de qualité. L’investissement tourne autour de 8000 à 14 000 €/ha avant l’année d’entrée en production (4 ou 5 ieme année). La marge ? 1500 à 6000 €/ha.
Pour le kiwi, les opérateurs économiques locaux sont en recherche de producteurs. L’investissement se chiffre entre 50 à 80 000 €/ha avant l’entrée en production (4 ieme année). Marge brute : 6000 à 10 000 €/ha.
Le safran, le raisin de table, le tabac, le chanvre constituent également des voies de diversification. Ainsi une coopérative de tabac de la région est à la recherche de producteurs.
Du côté de la filière animale, la palette est large : agneaux de Pauillac, canards gras, bovins viande, porcs de plein air. Reste à régler la problématique de la gestion de la ressource en eau. Et un chantier d’une autre nature, à savoir apprendre à travailler ensemble, dans certains cas, pour atteindre une rentabilité économique.
La Chambre d’Agricuture va mener des rencontres de diversification entre le 20 et le 30 mars prochain, dans cinq communes du département. Fin mars, un point info sera crée ainsi que la mise en place d’un numéro d’appel « Diversification ».
Dans l’assistance, les interrogations fusent : « Pourquoi ça n’a pas bougé avant, pourquoi n’y a-t-il pas eu un plan avant » martèle une viticultrice. Le désarroi est palpable. Un vigneron médocain, septuagénaire, pointe un doigt accusateur en direction du CIVB, le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux qui n’amènerait aucun retour sur investissement. « Je n’accepte pas les CVO ». Et de lâcher : « D’ici six mois, je serai en cessation de paiement ».
Une néo vigneronne, la cinquantaine, enfonce le clou : « Il faut remettre en cause la gouvernance du CIVB. Nos cotisations servent au négoce qui ne cesse de faire baisser les cours du vin » s’enflamme telle. Brouhaha d’assentiment dans l’assistance. Régis Falxa, le président de la Fédération des Vignerons Indépendants de Gironde, tente de ramener l’assemblée à la raison: « L’avenir est incertain, mais la diversification peut être une solution à une sortie de crise » répète-il. Le pari est donc lancé : rester des viticulteurs tout en redevenant des agriculteurs.