otés d’un budget d’1,5 million d’euros, les 13 partenaires du projet Coppereplace avaient jusqu’au 28 février 2023 pour trouver des solutions permettant une réduction de l’utilisation du cuivre en viticulture.
Ont-ils réussi ? En partie. Les ingénieurs de l’Institut français de la vigne et du vin (IFV) se sont rendus en Espagne, chez Torres, au Portugal, chez Sogrape, à Bordeaux, à Nîmes, et à Narbonne pour évaluer l’efficacité de produits en cours d’homologation (IBF d’Immunrise, à base de micro-algues, Hyp Plus de Biomède, issu d’un macérat de plantes, les GI20/GI21 de GreenImpulse, et Vicure de Symbiotec, tous trois constitués d’extraits de plantes), et des produits déjà commercialisés.
« Nous avons retenu Equiset d’Ascenza, à base de prêle, Salix de Biovitis, issu d’osier, Belvine de Cérience, Limocide de Vivagro, ainsi qu’un engrais contenant du cuivre, le Glucosei de Seipasa » a listé Nicolas Aveline, du pôle Nouvelle Aquitaine, lors d’une journée de restitution organisée ce 24 janvier au château l’Hospitalet à Narbonne (Aude).
Ces produits ont été appliqués sur de petites placettes avec un atomiseur à dos ou sur des rangs entiers avec les pulvérisateurs des viticulteurs accueillant les essais. « En 2021, dans les petites placettes, nous avons utilisé le cuivre comme base, au tiers de la dose classique, et nous avons complété avec les différents produits. Dans les rangs entiers, nous n’avons pas voulu courir le risque de perdre trop de vendange et nous avons appliqué une demi-dose de cuivre. Le cuivre et le produit alternatif ont été appliqués en même temps ».
En 2022, les ingénieurs ont ajusté la dose de cuivre à la pression mildiou des différents vignobles. Ayant repéré des incompatibilités de mélanges, notamment avec l’IBF, ils ont également décidé de pulvériser le produit alternatif une heure après le cuivre.
Dans tous les cas, ils ont évalué la plus-value des produits alternatifs par rapport à une pleine dose (issue de l’outil Optidose) ou une dose réduite de cuivre. « Pour les engrais, l’idée était d’atteindre la dose de cuivre réduite avec le produit seul, en gardant en tête que ces produits n’avaient d’intérêt que s’ils se montraient plus efficaces à la même dose » précise Caroline Gouttesoulard, du pôle Rhône-Méditerranée.
Pour les placettes, sur la dernière notation sur grappes de l’année, début août 2021, les témoins non traités présentaient des intensités d’attaque de l’ordre de 5 % à Nîmes, où la pression mildiou avait été faible. « Nous avons utilisé 2,6 kg de cuivre par hectare à pleine dose. Le Glucosei s’est montré plus efficace. Le cuivre associé au Vicure et le GI 21 ont également donné de bons résultats » dévoile Caroline Gouttesoulard.
Sur Bordeaux, le mildiou a frappé tardivement mais fort. « Le Vicure, le Hyp Plus, et le Glucosei sont les produits qui l’ont le mieux contenu » poursuit Nicolas Aveline.
En grandes parcelles de vigne, des résultats n’ont pu être exploités qu’à Bordeaux en 2021, faute de pression suffisante à Nîmes, Narbonne, en Espagne, et au Portugal. Seuls le saule et la prêle ont été évalués, sous faire la différence par rapport à une simple demi-dose de cuivre.
En 2022, les vignes du Gard ont été artificiellement contaminées et brumisées sur 15 mm pendant 3 jours pour assurer les essais.
« Nous étions à 2 kgs pour la pleine dose de bouillie bordelaise en fin de saison, 668 grammes pour le tiers de dose. Le témoin non traité présentait 80 % d’intensité d’attaque, contre 40 % pour la pleine dose et 20 % pour la dose réduite. Plusieurs produits alternatifs se sont montrés aussi bons que la pleine dose. Le Glucosei a même fait beaucoup mieux. Nous avons en revanche été étonnés de ne pas voir le Vicure et le Hyp Plus ressortir comme en 2021. L’IBF nous à l’inverse surpris dans le bon sens » relate Caroline Gouttesoulard.
A Bordeaux, des grêlons de la taille de balles de golf ont bruni les baies, empêchant les notations. Ailleurs, la pression n’a une fois de plus pas été suffisante pour tirer des conclusions.
L’an passé, les deux ingénieurs ont également réalisé des essais en laboratoire, en traitant des disques de feuilles avec les différents candidats à la substitution, en les inoculant avec du mildiou, et en suivant le développement de la maladie dans des boîtes de pétri. « Nous n’avons pas obtenu les mêmes résultats à Bordeaux et à Nîmes. C’est surement parce que nous laissions 24 heures entre le traitement et l’inoculation du mildiou à Bordeaux contre seulement 2 heures pour Caroline à Nîmes » explique Nicolas Aveline.
Dans le Gard, une dose de 250 grammes de Glucosei s’est montrée aussi efficace qu’une dose de 750 grammes de bouillie bordelaise. « Le Vicure, le GI21, l’IBF ont également donné des résultats satisfaisants, alors qu’à Bordeaux c’est l’Equiset qui s’en est le mieux sorti, détaille Caroline Gouttesoulard. Il nous faudrait multiplier les screening pour repérer quels produits agissent comme stimulateurs de défenses ou directement sur les spores ou le mycélium ».