es viticulteurs doivent rapidement se pencher sur le nouveau référentiel HVE et son plan de contrôle pour rester dans les clous lors de la campagne 2024 et ne pas perdre leur certification en 2025. Les candidats à une première certification sont concernés dès cette saison.
Parmi les potentiels items bloquants, le directeur du pôle bio et transition agricole de la Chambre d’agriculture de Gironde, pense d’abord à la fertilisation. « En bilan apparent, nous avions jusqu’à présent tous les points en dessous de 60 unités d’azote par hectare. Désormais, nous commencerons seulement à en obtenir en dessous de 50 » détaille Yann Montmartin.
Un vrai défi, notamment sur les sols pauvres, où les vignerons ne peuvent faire l’impasse sur amendements organiques. « Le seuil a été placé trop bas par rapport aux enjeux environnementaux. Il aurait été plus pertinent de le relever et d’augmenter le nombre de paliers permettant de cumuler des points ».
Les exploitations pourront se rattraper lors du calcul de la part de l'azote organique sur l'azote total apporté sur la SAU et sur la mise en place de couverts de légumineuses sur l’inter-rang. « Elles ne suffiront pas toujours à compenser le bilan azote mais ces mesures ont le mérite d’encourager les bonnes pratiques, telles que la mise en place de couverts de végétaux » juge le technicien.
Sur les « indices de fréquences de traitement » (IFT), comparés au référentiel du bassin viticole, Yann Montmartin craint essentiellement des difficultés pour la partie herbicide. « Avant nous obtenions des points en dessous d’1,46. Désormais ce sera 0,6, l’équivalent d’une demi-dose par an et par hectare, impossible à tenir ».
En pratique, Yann Montmartin explique que les vignerons qui ne désherbent pas obtiendront 5 points et les autres n’en auront aucun.


« Ce sera tout ou rien. Certes il faut tendre vers le zéro herbicide, mais cette référence n’est pas représentative de la réalité. Et elle ne récompense pas ceux qui ont drastiquement réduit le désherbage chimique pour passer au mécanique ».
A Bordeaux, la Chambre d’agriculture a suivi l’IFT d’une majorité de ses certifiés HVE sur 4 millésimes. « Ils sont en moyenne à 1,05, sachant que 25% ne désherbent pas » illustre Yann Montmartin.
Côté biodiversité, le nouveau référentiel valorise le pourcentage de la surface de l'exploitation en infrastructures agroécologiques (IAE) mais prend moins en compte la diversité des paysages.
Yann Montmartin comprend l’intérêt de la mesure en grandes cultures, beaucoup moins en vigne. « Dans l’ancien texte, 100 mètres de haie équivalaient à 1 hectare d’IAE. Dans le nouveau, ils ne vaudront plus que 0,2 ha, et 100 mètres de lisière de bois compteront seulement pour 0,1 ha. En vigne, nous devrions réussir à obtenir les points sur cet item mais pour cela nous allons nous retrouver à compter toutes les petites bandes tampon. Cela va demander un gros travail administratif » prévient-il.
La Chambre d’agriculture de Gironde n’aura pas les moyens de passer chez ses 600 certifiés mais compte démultiplier les formations collectives dès ce début d’année. « Ils doivent savoir ce qui les attend techniquement suffisamment en avance et pouvoir consulter leurs clients pour faire le choix de continuer ou pas la HVE ».