e n’est pas un scoop : le marché des beaujolais nouveaux est en baisse structurelle. Son recul s’annonce encore plus marqué cette année où l’explosion du coût du fret pénalise le grand export. Au 20 octobre, environ 90 000 hl de vins primeurs (Beaujolais et Beaujolais Villages) ont été achetés par le négoce, et les ventes directes sont estimées autour de 30 000 hl. « On va vendre seize millions de bouteilles contre dix-huit l’an dernier », résume Daniel Bullait, président d’Inter Beaujolais. Soit autour de 10 % de baisse. L’essentiel des pertes est imputable au Japon, qui absorbe habituellement 20 % des volumes : les acheteurs japonais ne seront pas au rendez-vous à cause du coût du fret.
« Le marché français s’annonce à peu près stable, constate Daniel Bulliat qui veut éviter le "catastrophisme". Même si on vend de plus en plus de beaujolais hors nouveau, le marché des primeurs reste très intéressant. Vendre seize millions de bouteilles en une semaine, tous les vignobles n’y arrivent pas ! »


Les cours de l’an passé, qui avaient enfin atteint un niveau rémunérateurs, sont reconduits avec même une légère hausse : 297 €/hl pour les beaujolais et 312 €/hl pour les beaujolais villages. « La tendance est à l’abandon des marchés bas de gamme, analyse Daniel Bulliat. Mais même avec un cours plus élevé, les vignerons ne feront pas tous une meilleure marge, car le prix des intrants a explosé. Le coût de la matière sèche a pris 20 à 30 centimes par bouteille, et les rendements ont été très hétérogènes : de 20 à 55 hl/ha, pour une moyenne à 40 hl/ha. A 40 hl/ha, les cours actuels permettent de faire tourner l’entreprise et de reprendre confiance. A 20 hl/ha, non… »
Sur le plan qualitatif, tous les opérateurs s’entendent à saluer 2022 comme un très très beau millésime. « Avec plus de tanins, plus de matière et plus d’alcool, il fera de très bons vins de garde, appuie Daniel Bulliat. En revanche dans les beaujolais nouveaux, il y aura moins de fraîcheur, moins de fruit que l’an dernier. »