La situation est préoccupante : l’inflation, la flambée de nos coûts de production, nos difficultés d’approvisionnement, le contexte géopolitique, le dérèglement climatique, la crise sanitaire… Nous subissons une conjonction inédite de crises majeures. Il faut courber l’échine et résister. L’AOC Costières de Nîmes a des atouts, et de grandes ambitions ».
Ce jeudi 13 octobre, lors d’une conférence de presse à Nîmes, Bernard Angelras, président de l’Organisation de Défense et de Gestion (ODG), n’a pas masqué les difficultés conjoncturelles auxquelles est confrontée l’appellation nîmoise, comme l’ensemble de la viticulture française. L’évolution du marché au cours de la campagne 2021-2022, en témoigne : les sorties de chai sont tombées à leur plus bas niveau depuis 10 ans : 140 000 hectolitres, en baisse de 12 % par rapport à la campagne précédente, alors qu’elles atteignaient 230 00 hl en 2014-2015. Mécaniquement, les stocks au 31 juillet progressent : 120 300 hl (+13 %) ce qui correspond à 10 mois de commercialisation. « Ce niveau de stock n’est pas catastrophique. Nous avons connu pire. Et pour nos rouges, qui représentent 50 % de notre production, ce n’est pas délirant d’avoir un peu de stock », tempère le président. Seule consolation : les prix des vins vendus en vrac sont restés fermes, à 124 €/hl en rouge (+4 %), 125 € en rosé (+7 %) et 138 €/hl en blanc (+13 %). Les ventes en grande distribution sont en recul de 2,8 % sur un an (arrêté début septembre), mais après de fortes baisses en début d’année, elles sont reparties à la hausse depuis mai 2022. En dépit de ce contexte difficile, le président a pointé les atouts de l’appellation qui donnent des raisons d’espérer un futur meilleur.
Face au recul de la consommation de vins rouges, l’appellation nîmoise a la possibilité de faire évoluer sa production vers le rosé et le blanc. Les cépages rouges représentent 90 % du vignoble, dont 34 % en grenache, cépage bien adapté à l’élaboration de rosé. En blanc, à ce jour, seuls 260 hectares sur les 700 plantés en blanc, sont revendiqués en AOC Costières de Nîmes. « Le marché est demandeur. Nous sommes régulièrement en rupture pour nos blancs en fin de campagne. C’est sans doute un levier que nous pouvons actionner pour développer notre appellation », a témoigné Fanny Boyer, vice-présidente du syndicat. L’ODG va engager une réflexion au sein d’Inter-Rhône pour évaluer avec les metteurs en marché leurs besoins en Costières blanc. Autres atouts : l’appellation nîmoise dispose d’un vignoble relativement jeune (plus de 70 % du vignoble a moins de 30 ans) et déjà très engagé dans la transition agro-écologique : 66 % des surfaces sont certifiées par un label agro-environnemental (Haute Valeur Evironnementale, bio ou biodynamie). Enfin le vignoble est bien armé face au dérèglement climatique puisque 2/3 des parcelles sont irrigables.
Dans sa feuille de route pour cette nouvelle campagne, le président et son équipe se sont fixés comme objectifs de poursuivre l’adaptation du vignoble aux évolutions climatiques en intégrant des VIFA (variétés d’intérêt à fin d’adaptation), résistantes aux maladies ou à la sécheresse. Des expérimentations vont être menées pour déterminer les variétés les plus adaptées au profil des vins des Costières. L’optimisation des pratiques d’irrigation est également au programme tout comme la relance de la hiérarchisation avec la reconnaissance de deux dénominations géographiques complémentaires (DGC), dossier qui a pris du retard suite au Covid. Côté promotion, le syndicat annonce la création créer un lieu vitrine sur l’Esplanade en plein cœur de Nîmes. Cet espace de 70 m2 avec une terrasse de 250 m2 sera aménagé pour accueillir les événements et animations autour des vins de l’appellation.