ans les Costières de Nîmes, les règles de taille ont été supprimées cette année. Cette mesure a été prise en réponse aux dégâts qu’a pu provoquer le gel d’avril 2021 sur les vignes les plus touchées. « Le cahier des charges impose la taille en cordon de Royat au sein de la zone d’appellation », indique Mathieu Dupret, vigneron au Mas du Vistre, à Vauvert, « mais certains bras ont été tués par le gel, il était donc indispensable de restructurer ces souches, cela passait donc par la reprise de baguettes de l’année en format Guyot, pour reformer les bras et revenir au cordon de Royat à partir de l’an prochain ».
Le Journal Officiel du 29 mars vient donc d’acter un « arrêté ministériel en date du 22 mars 2022 portant dispositions exceptionnelles », concernant la suppression des règles de taille au sein de la zone d’appellation Costières de Nîmes pour la campagne 2021/2022.
« C’est en fait l’officialisation d’une décision validée en décembre par l’Inao », situe Aurélie Pujol, directrice de l’ODG Costières de Nîmes, « nous avons fait la demande en urgence début décembre 2021, à la demande des vignerons qui voyaient sur le terrain qu’ils allaient devoir modifier leur mode de taille et sortir temporairement des contraintes imposées par le cahier des charges ».
C’est dans la partie nord de l’appellation que le gel a fait le plus de dégâts, en particulier sur les grenache noir ou blancs les plus âgés. Cet arrêté permet donc aux vignerons d’opérer en toute sérénité en cas de contrôle de leurs vignes. « A titre exceptionnel et afin de répondre à la situation de crise de la filière viticole résultant des événements climatiques et notamment de la période de gel intense du 6 au 8 avril 2021, pour la campagne 2021/2022, les règles de tailles sont supprimées, la taille rase de précision reste interdite », indique donc l’arrêté du 22 mars.


Mathieu Dupret décrit ainsi « une parcelle de vieux grenache où il a fallu reformer un pied sur deux, cela prend plus de temps avec une réflexion à chaque pied, car la baguette ne peut pas partir de n’importe où ». Le vigneron sait pourtant que cette étape n’est pas sans conséquence sur sa production « car nous allons avoir plus de bourgeons fructifères avec ce mode de taille ». Il basculera donc la production de ces parcelles en rosé, craignant « un effet de dilution à cause de la charge de raisins plus importante par pied ».
Outre cette adaptation de son mode de taille, le vigneron du Mas du Vistre a préféré anticiper la possibilité d’un nouveau gel cette année en taillant plus tard que d’habitude. « Nous finissons tout juste, mais ça n’enlève pas toutes nos inquiétudes, nous croisons les doigts pour que ça ne se reproduise pas », conclut-il.