n trois temps, la météo a joué avec les nerfs des vignerons cette année. Quand il s’est agi de déterminer le rendement annuel autorisé en Crémant de Loire, le président Christian Pauleau et ses collègues estimaient que la récolte pouvait être généreuse, et ont joué la prudence en mettant en œuvre une réserve interprofessionnelle de 4 hl (sur les 74 autorisés) pour ne pas déverser trop de produits sur le marché. Puis, arrive la sécheresse et ses inquiétudes sur le volume de production, suivie des pluies bienfaitrices à compter du 15 août.
“Au final, avec des rendements très hétérogènes sur l’ensemble du bassin de production, on devrait se situer entre 60 et 65 hl/ha de moyenne. Sachant que les intentions de production font état d’une surface de 3 100 ha. On aura donc une récolte correcte”¸ informe Christian Pauleau. De l’ordre de 190 000 hl, soit un volume proche de 2020. Surtout, une des plus grosses récoltes de l’histoire de l’appellation, née en 1975.
Sur ce millésime 2022, le négoce a d’ores et déjà acquis plus de 50 000 hl en moûts et raisins, à des prix stables : 192 €/hl pour les premiers, et 1,21 €/kg pour les seconds. Les cours avaient grimpé de plus de 10 % l’an passé face à une petite récolte. Quelque 35 à 40 000 hl devraient suivre en vin de base. Sur la campagne passée, le négoce avait acheté plus de 82 000 hl. “On voit que la part du négoce dans la commercialisation globale tend à se stabiliser”, précise le président. “Les vignerons en vendent de plus en plus en direct, ainsi que nos deux grosses coopératives (les Caves de la Loire et Robert & Marcel NDLR)”.
Au global, ce sont plus de 22 millions de cols qui ont été vendus en 2021/2022 ; c’était la moitié il y a dix ans. Et la tendance est bonne pour l’année 2022. L’export (plus de 13 millions de cols, dont une bonne part en Allemagne) est solide ; et la grande distribution française qui avait flanché pendant le Covid a retrouvé ses niveaux de vente d’avant 2020.
A condition que tous les opérateurs soient fournis en bouteilles vides. “Certaines grosses entreprises avouent quelques difficultés, et d’autres n’en ont pas”, précise Christian Pauleau. Une chose est sûre : toutes ont peu de visibilité. “On pilote à 15 jours”, souligne Jérôme Lemasson, directeur de Loire Propriétés. “Pour l’instant, ça passe, mais on s’habitue à ce que des commandes puissent être annulées du jour au lendemain. Pour l’instant, et pour les mois à venir, je crains que la situation reste très tendue sur ce dossier”.