l fait la course en tête. Aujourd'hui, de tous les cépages résistants autorisés en France, « le Floréal est le plus demandé par les pépiniéristes et les viticulteurs », observe Anastasia Rocque, la directrice du centre de sélection vigne à l'IFV. Les derniers chiffres publiés par FranceAgriMer le confirment : sur un total de 4,3 millions de plants résistants mis en œuvre en pépinière en 2021 (contre 2,8 millions en 2020), près de 1,9 million étaient du Floréal.
Un succès qui s'explique par les nombreuses qualités de ce cépage issu du programme Resdur 1 de l'Inrae. « Au niveau aromatique, le Floréal ressemble au sauvignon. Ses rendements sont stables d'une année à l'autre et supérieurs à la moyenne. Il est plutôt vigoureux et doté d'une certaine résilience et son initiation florale est assez importante. Il est moyennement précoce et en cas de gel, il peut repartir. Côté maladie, il a une bonne résistance au mildiou et à l'oïdium, mais il reste sensible au black-rot », liste Anastasia Rocque. Des qualités qui lui ont permis d'être intégré dans plusieurs cahiers des charges IGP.
Pépiniériste dans le Vaucluse, Giovanni Varelli ressent cette demande. 60 à 70 % des cépages résistants qu'il produit sont du Floréal. « Nous avons greffés environ 60 000 plants, indique-t-il. Selon le taux de réussite, nous disposerons donc de 30 000 à 40 000 plants qui sont déjà tous réservés depuis l'an dernier. »
Autre variété résistante qui séduit les viticulteurs : le Souvignier gris. « Comme pour le Floréal, on a une croissance des ventes à deux chiffres chaque année », indique Jean-François Barnier, des pépinières du Comtat. Mais, contrairement au Floréal, le Souvignier gris vient d'Allemagne où il a été obtenu en 1983. Selon Anastasia Rocque, c'est le deuxième cépage résistant le plus planté en France.
Cépage Souvignier gris (crédit photo Domaine de la Colombette)
Là encore, c'est son potentiel gustatif qui plaît, notamment son acidité avec laquelle on peut obtenir des vins frais et très expressifs en assemblage. Autre qualité : son port érigé qui permet de le conduire en taille rase, sans palissage, alors que le Floréal doit être palissé en raison de son port semi-dressé.
Troisième variété qui a le vent en poupe : le Soreli, une obtention italienne. « Il est très apprécié car il a une typicité sauvignon. Et il a un bon niveau de résistance au mildiou et une résistance moyenne à bonne à l'oïdium. Et il est peu sensible à la flavescence dorée. Il donne des rendements de 12 à 16 t/ha et a une précocité similaire au chardonnay et au sauvignon. Nous en commercialisons 250 000 plants par an. Mais son développement est bloqué parce qu'il est méconnu et donc difficile à vendre sous son nom de cépage », regrette Loïc Breton, directeur général de VCR France, observant que les metteurs en marché l'utilisent en assemblage.
Le Nathy Sauvignac, des pépinières Mercier, arrivé dernièrement sur le marché, est lui aussi promis à un bel avenir. Doté d'une résistance solide au mildiou et à l'oïdium, d'une tolérance au black-rot, cette variété donne des vins aux arômes proches du sauvignon.
Cépage Nathy Sauvignac (Crédit photo DR)
Le groupe Mercier en a commercialisé environ 100 000 plants cette année. Et pour 2023, il envisage de monter à 150 000 plants. « Nous avons de la demande, mais nous sommes limités par notre capacité de production. L'idée est d'avoir un développement progressif », explique Miguel Mercier, directeur général des pépinières Mercier.
Et les rouges ? « Il y a une attente des viticulteurs pour des cépages rouges résistants de qualité. Mais aujourd'hui aucun ne s'impose », observe Miguel Mercier. « Vidoc et Artaban (Resdur 1) sont moins prisés que les blancs, reconnaît Anastasia Rocque. Ce sont deux cépages vigoureux et assez productifs. Artaban est assez tannique et donc plutôt adapté au sud de la France. Vidoc, plus souple, est davantage adapté à la vinification en rosé ou en primeur. Il s'en plante en Beaujolais. »
L'arrivée des Resdur 2 pourrait changer la donne. « Les trois rouges de cette nouvelle série ont un bon potentiel. Dans les vinifications expérimentales, ils ressortent comme étant plus aromatiques, plus qualitatifs, moins durs que les Resdur 1. Ils vont compléter l'offre », entrevoit Anastasia Rocque. De son côté, le groupe Mercier se prépare à lancer un cépage résistant rouge issu de sa propre sélection. À suivre.
Moins aromatique que le Floréal, le Voltis, l'autre blanc de la série des Resdur 1, présente un intérêt pour les vins effervescents. La Champagne l'a intégré dans son cahier des charges comme Vifa (variété d'intérêt à fin d'adaptation) pour ses propriétés œnologiques, mais surtout pour résoudre les problèmes de voisinage. L'ODG conseille d'en planter quelques rangs en bordure des habitations, des rangs qui ne seront pas ou peu traités sachant que ce cépage est résistant au mildiou et à l'oïdium. « Nous en avons greffé un peu pour des vignerons qui ont arraché en bordure d'habitations et qui l'attendent pour replanter », rapporte Jean-Michel Dumont, pépiniériste à Rilly-la-Montagne. « La demande est moins importante que ce que nous pensions car son autorisation a pris un peu de temps », relate Pierre Marie Guillaume, des pépinières éponymes à Charcenne, en Haute-Saône.