e problème de la réforme de la certification gouvernementale Haute Valeur Environnemental (HVE) n’est pas réglé du tout pour le vignoble. Pour cause, « la viticulture sera la plus impactée par la mise en œuvre du nouveau référentiel » alerte Joël Boueilh, le président des Vignerons Coopérateurs, qui craint que la nouvelle mouture cause un coup d’arrêt dans les nouvelles certifications pour le premier secteur du label (18 300 vignobles certifiés au premier janvier 2022, soit 74 % des exploitations engagées nationalement),
S’il est validé par le ministère de l’Agriculture courant septembre, le nouveau cahier des charges de la certification HVE doit être appliqué dès le premier octobre. « La mise en place du dispositif au premier octobre est ingérable dans les faits sur le terrain. Ce serait une catastrophe pour les gens préparant la HVE depuis 6 à 8 mois et menant actuellement leur audit. Ils se retrouveraient à devoir passer sous une toise qui n’était pas prévue » prévient Joël Boueil, qui plaide pour un report de l’entrée en vigueur, pour que les audités de cette fin d’année le soient sous l’ancien référentiel.
Quatre points de blocage sont relevés par la filière vin dans le nouveau cahier des charges HVE. Deux concernent les Indices de Fréquence de Traitement (IFT). La première avec l’obligation de prendre en compte les traitements obligatoires contre la flavescence dorée dans le calcul de l’IFT insecticide : « une contrainte administrative » qui constitue le « cas parfait d’inéquité dans un même département entre communes » souligne Joël Boueilh, entre parcelles devant traiter et celles exemptées. Autre souci pour l’IFT avec la prise en compte des bio pour le calcul du désherbage : « aujourd’hui, le niveau moyen est proche de 0 : il vaut mieux dire qu’il n’est pas possible de désherber plutôt que de mettre un IFT de 0,2… C’est aberrant ! » soupire Joël Boueilh.
Sur l’item de la fertilisation, les marges de manœuvre sont jugées trop faibles pour la mesure des résidus d’engrais dans les sols : « les amendements se font en début de saison suivant les objectifs rendements. Quand il y a un aléa et que ces objectifs ne sont pas atteint, les engrais restent logiquement dans le sol » pointe Joël Boueilh. La biodiversité est également un point d’achoppement, avec l’enjeu de la taille des parcelles.


Sur le terrain, ces modifications sont un sujet de tensions. Comme le résume Joël Boueilh : « des vignerons ont fait des efforts, ont investi, ont modifié leurs pratiques… Et pour eux, on n’y est plus. Ils ont l’impression d’être le dindon de la farce. Alors que la HVE est la bonne route : on continue à être volontaire. »