e dossier de la réforme du référentiel Haute Valeur Environnementale (HVE) n’est pas close pour le vignoble. Adoptés ce 30 juin par la Commission Nationale de la Certification Environnementale (CNCE), les projets d’arrêté et de décret sont désormais soumis à une consultation publique avant d’être validés cet été par le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau. D’ici là, « ce n’est pas terminé » indique Jérôme Despey, le président du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer, pour qui il y a matière à discussion.
Si la filière acte la fin de la voie B (plus comptable dans son obtention), des évolutions de la voie A (reposant sur des indicateurs agroécologiques) inquiètent la première filière certifiée (18 300 certifiés dans le vignoble au dernier décompte). « Deux items attirent notre attention » explique Jérôme Despey, notant pour les phytos les évolutions défavorables du « référentiel des Indices de Fréquence de Traitement (IFT) par rapport au bio dans certains bassins de production et la prise en compte des traitements de lutte obligatoire (qui sont différents selon les zones et posent une question d’égalité) » et l’enjeu de la fertilisation avec « des seuils beaucoup trop bas, qui amènent à beaucoup d’exclusion ».


Semblant peu enclin à de trop importantes modifications, le cabinet du ministre indiquait récemment que sa proposition de réforme de la HVE constitue un « texte d’équilibre entre les différentes parties prenantes. Ça demeure la base de référence » pour avoir « un référentiel HVE rénové permettant de sécuriser HVE au sein de l’écorégime » de la nouvelle Politique Agricole Commune (PAC 2023-2027). Plus qu’une large concertation, il y a eu une large abstention lors du vote de la CNCE grince Jérôme Despey, le secrétaire général de la Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FNSEA). Pour le viticulteur de l’Hérault, « il faut voir ce qui peut être amélioré. S’il faut plus de temps pour la viticulture, nous ne sommes pas pressés par les écorégimes*, qui concernent très peu le vignoble. Prenons le temps. » Un appel à la négociation qui s’alarme de l’absence de transition prévue : les nouveaux critères étant opérationnels dès ce premier octobre pour les primo-certifiés.
Dans ces conditions, « la question se pose : est-ce que le ministère veut que la viticulture sorte de la certification environnementale de type HVE ? » interroge Jérôme Despey, notant qu’il existe d’autres certifications environnementales. D’après de première estimation dans le département de l’Hérault, au moins 30 % des actuels certifiés HVE perdrait le label en l’état. Les marches à atteindre sont trop élevées alors que d’énormes efforts sont déjà demandés conclut Jérôme Despey.
* : La réforme de la PAC entre en vigueur le premier janvier 2023, avec son nouveau dispositif d’écorégimes.