rgence et patience ne font pas bon ménage. Alors qu’une pétition vigneronne lancée fin août permet de saisir la détresse qui pèse sur les vins de Bordeaux, la demande d’arrachage portée au début du mois par les représentants girondins parlementaires et viticoles au ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, doit encore se traduire en actes concrets (une décision est toujours attendue pour les prochains jours). « Le dossier de l’arrachage n’avance pas aussi vite qu’on le souhaiterait, mais il avance » pointe Stéphane Gabard, qui vient d’être élu ce 30 août pour un troisième mandat à la présidence de l’Organisme de Défense et de Gestion (ODG) des appellations Bordeaux et Bordeaux Supérieur. Avec l’accélération actuelle des rendez-vous politiques, « ça avance même plutôt vite » note Stéphane Gabard, rappelant qu’il y a quelques mois il était possible de tabler sur l’aboutissement potentiel de la demande d’arrachage sous 2 à 3 ans, quand désormais il serait possible d’imaginer une décision européenne d’ici 18 à 24 mois. Peut-être même sur la campagne 2023, mais sans que rien ne soit acquis. Le sujet devant être porté au niveau communautaire.
« Aujourd’hui ça avance, la conjoncture des baisses de vente des vins en France fait que notre discours est audible » souligne le président des Bordeaux, pointant que « nous ne sommes plus une AOC isolée. Si l’on arrive à enclencher le processus d’arrachage, je ne suis pas sûr qu’il n’y ait que Bordeaux qui le sollicite… » Si un collectif de vignerons bordelais milite pour l’arrachage de 10 000 hectares avec une prime de 10 000 €/ha, l’ODG reste prudent : les enveloppes budgétaires n’étant pas définie avec le ministère (Bordeaux propose un financement sur les fonds européens qui lui sont alloués traditionnellement).


« L’arrachage est un outil de gestion du potentiel de production » souligne Stéphane Gabard, notant que Bordeaux fait aussi face à des enjeux de « potentiel de commercialisation (repli du marché chinois, déconsommation française, inflation…) ». Pour le président réélu, « il y a un réel désarroi chez une partie de nos viticulteurs, mais pas tous : certains modèles ne permettent plus de subvenir à leurs besoins. »