Je suis allé dans les vignes pour la dernière fois hier matin (le 18 juillet, NDLR), avant le gros coup de chaud, et je suis déjà rentré démoralisé ». Président de la Fédération des vins de Nantes et vigneron à Saint-Hilaire-de-Clisson, dans le vignoble du Muscadet, Christian Gauthier a constaté de nombreuses grillures sur ses baies.
« C’est d’autant plus rageant que nous avions globalement bien contenu les maladies et que nous avions été épargnés par la grêle ».
Dans le Muscadet, seul le gel était venu jouer les trouble-fêtes en début d’année. « Sans la canicule, je pense que nous aurions fait 80% du rendement. Là, à l’échelle de l’appellation, nous avons surement encore perdu 20 voire 25% ».
Conseillère viticole à la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire, Pauline Ardois et ses collègues ont également fait le tour du vignoble et repéré des dégâts. « Il y a des brûlures sur feuilles et des marquages sur grappes » témoigne-t-elle.
Beaucoup de vignerons avaient poudré leurs vignes au soufre pour lutter contre l’oïdium. « Ils n’avaient pas prévu la canicule et le phénomène de phytotoxicité » explique la conseillère.
Christian Gauthier regrette également les rognages un peu plus courts et les effeuillages plus poussés qu'à l'accoutumée. « Nous voulions aérer les grappes et les mettre au soleil pour maintenir l’état sanitaire, nous n’avions pas prévu qu’elles passeraient au four ».


Ce 19 juillet, la température est repassée sous la barre des 30°C. « Mais la vigne reste vert pâle, elle n’a pas l’air en bonne santé. Il nous faudrait de l’eau sous 10 jours pour l’aider à se relancer et que les baies, globalement à mi-véraison, fassent du sucre. Malheureusement ce n’est pas ce que prévoit la météo » ajoute le président, précisant que c’est dans les terroirs de granit que la situation est la plus critique.
Pauline Ardois relativise. « On voit les arbres perdre leurs feuilles mais je trouve que la vigne tient assez bien. Le stress hydrique ne semble pas encore trop marqué. Nous avons prévu de réaliser la méthode des apex la semaine prochaine pour le vérifier. La croissance est ralentie mais c’est plutôt normal à cette période de l’année. »
Le vignoble nantais tablait sur un début de vendanges au 25 août. « Comme la maturation est bloquée, il sera sans doute décalé » anticipe Christian Gauthier, qui a prévu de partir quelques jours en fin de semaine et ne pense pas retourner dans ses vignes avant.