e basant sur ses retours du terrain, « la conséquence du changement climatique qui inquiète le plus les vignerons, ce n’est pas la qualité, mais la régularité de la production » pose Nathalie Ollat, la directrice de recherche de l’Unité Écophysiologie et Génomique Fonctionnelle de la Vigne (INRAe de Bordeaux) ce lundi 20 juin à Bordeaux lors du symposium "Act for change" (organisé par Vinexposium). S’appuyant sur un sondage de 800 professionnels dans le monde du vin (Espagne, États-Unis, France…), il « ressort une crainte des aléas climatiques, de la perte de production et de profitabilité » ajoute Gilles Brianceau, le directeur du cluster InnoVin, pour qui le vignoble n’a « pas crainte d’un changement climatique à venir, il est déjà dedans ».
Si d’une part le réchauffement facilite les maturités, de l’autre il cause de l’autre plus d’aléas climatiques note Nathalie Ollat, qui indique que les « vagues de chaleur ne sont pas un sujet à Bordeaux jusqu’à présent. Il y a d’inquiétudes à propos des sécheresses précoces sur les baies vertes qui sont très sensibles, comme on vient de l’expérimenter (avec la canicule de la fin de printemps). » Face à cette nouvelle donne, l’adaptation est de mise. Mais encore faut-il s’assurer que les solutions retenues ne posent pas plus de problèmes. Préalable à toute innovation, « l’expérimentation est le point le plus important pour trouver une solution » souligne Gilles Brianceau, qui note que l’innovation ne passe pas que par la technologie de pointe, avec des outils low-tech comme la taille tardive pour réduire les risques de gelées.


« Beaucoup de choses sont à faire avec le choix des cépages, des porte-greffes, de gestion du sol… Et ce n’est pas toujours coûteux (si ce n’est en main d’œuvre) » pointe Nathalie Ollat. « Le besoin de soutien pour expérimenter. Et augmenter la diversité en revenant à l’histoire : il y avait plus de diversité par le passé dans les cépages. Si je plante aujourd’hui : je diversifie et je ne plante pas trop de merlot. Il y a 100 ans, il n’y avait pas tant de merlot à Bordeaux » soulève la chercheuse. « Nous avons à repenser nos façons de faire » note Marta Mendonça, la responsable de l’association The Porto Protocol, qui rapporte que « l’une des choses que j’entends le plus auprès des producteurs, c’est que pour se projeter dans le futur, il faut d’abord se retourner et regarder en arrière pour voir comment l’on faisait avant. Par exemple dans la période préphylloxerique. »
Face aux défis d’avenir de la filière vin, les leviers d’adaptation existent. « Quand la Champagne était trop au Nord, on y a produit des vins effervescents. Quand l’Espagne était trop au Sud, on y a produit du sherry. Dans les vieilles régions viticoles, nous trouverons toujours un nouveau style de vin à l’avenir : il n’y a pas le choix » rassure Olivier Bernard, à la tête du domaine de Chevalier (Pessac Léognan). Qui se réjouit de l’expérimentation de cépages du Douro à Bordeaux. Également optimiste, Nathalie Ollat note qu’« il y a 15 ans il était difficile de parler de nouvelles techniques. Le vignoble était pris dans la tradition. Même les scientifiques étaient pris dans ce cadre. Maintenant, ça change très vite. »