’est un fait divers qui passe mal pour Sabine et Olivier Durand, propriétaires du domaine de la Triballe, à Guzargues, au nord de Montpellier. Dans l’après-midi caniculaire du vendredi 17 juin, la voiture d’une automobiliste, arrêtée sur un bord de route longeant la propriété, s’est embrasée. Celle-ci était garée en bordure d’une pinède voisine au sein de laquelle l’incendie s’est rapidement propagé, avant d’atteindre des vignes de l’exploitation. 3 ha de vignes ont été presque intégralement échaudés par la chaleur du feu.
A cheval entre les zones d’appellation Pic Saint-Loup et Grès de Montpellier, le domaine de la Triballe se distingue par une orientation très volontaire en faveur de la biodiversité et l’intégration environnementale de sa production. Dans un espace de 80 ha de garrigues, vignes et polyculture, l’exploitation, pionnière en agriculture biologique a adapté son parcellaire dans le but de favoriser au maximum la biodiversité.
« Je n’ai jamais oublié l’incendie qui a ravagé la propriété en 1976, alors que j’étais encore enfant. Depuis, tout a été structuré pour éradiquer ce risque, avec 15km de pistes au sein de l’exploitation et une structuration du parcellaire de manière à jouer un effet pare-feu. Tout a parfaitement fonctionné sauf qu’il y a eu ce coup de malchance, car si la voiture s’était arrêtée 50 m plus loin, on évitait catastrophe », avance Olivier Durand. Le propriétaire a choisi d’éclater ses parcelles dans des ilots de petites tailles intégrés « dans la garrigue environnante, avec beaucoup de bois de pins », note Olivier Durand.
Le propriétaire n’hésite donc pas à évoquer le « chat noir », tant c’est un enchaînement de circonstances défavorables qui a conduit à d’aussi importants dégâts. La voiture d’abord : une mère trentenaire, habitante d’une commune voisine et dont le mari est pompier, accompagnée de ses deux enfants en bas âge. « Elle n’y est pour rien, sa climatisation a provoqué le départ de feu dans sa voiture et elle a eu la peur de sa vie alors qu’elle peinait à sortir ses enfants de la voiture », résume Olivier Durand. Le long de cette route, Olivier Durand avait justement installé une longue parcelle qui a parfaitement joué son rôle de coupe-feu lors du grand incendie dans la zone en 2010. « Cela s’est joué à quelques dizaines de mètres près, car j’avais décidé de laisser cette petite pinède au bout de cette parcelle, le seul endroit où il pouvait encore y avoir un risque, et c’est exactement là que le sort l’a obligée à s’arrêter. L’embrasement de la voiture s’est propagé à ces pins », reprend Olivier Durand.
La règle des trois 30 a ensuite fait le reste, « supérieur à 30°C, inférieur à 30% d’hygrométrie, supérieur à 30km/h de vent », reprend le vigneron, qui a alors vu plusieurs de ses petits ilots de quelques dizaines d’ares subir les ravages de l’incendie se propageant autour de ses parcelles. « Des syrah et des grenache en AOC Pic Saint-Loup et Grès de Montpellier. Le sens du vent a fortement joué car il a permis au feu de progresser sur une grande partie des parcelles bordant les pins. « C’est un échaudage généralisé qui a grillé la quasi-totalité du feuillage et beaucoup de sarments encore verts ont tourné au marron. Après l’intervention des pompiers, les vignerons voisins sont très vite venus nous donner un coup de main pour arroser et favoriser le départ de bourgeons secondaires avec la sève montante et nous avons déjà réparé le réseau d’arrosage de ces parcelles », ajoute Olivier Durand. « Nous allons retailler les rameaux entre 3 et 5 yeux, à mi-hauteur entre le fil porteur et le 1er releveur pour favoriser la reprise de végétation », reprend-il.
5 groupes d’intervention (100 sapeurs-pompiers), 20 camions de lutte contre l’incendie et 3 canadairs ont été mobilisés pour éteindre ce feu qui a ravagé plus de 10 ha. Une conseillère de la chambre d’agriculture est attendue le lundi 20 juin pour faire un 1er état des lieux des dégâts et un point précis sur les démarches à engager. Olivier Durand reste cependant inquiet car s’il est bien assuré contre le risque incendie, « la somme allouée est plafonnée à 104000€, ce qui ne couvrira pas les pertes de récolte, et encore moins les pertes de fonds s’il s’avère que des souches sont mortes », s’inquiète l’exploitant.
3 canadairs ont tourné au-dessus du domaine pour fixer l'incendie - Domaine de la Triballe