e professeur Alain Deloire ne va pas remonter le moral des nombreux vignerons touchés par la grêle. A côté de la perte évidente de rendement lors des prochaines vendanges, l'enseignant-chercheur à l’Institut Agro de Montpellier rappelle les effets délétères de la perte de tout ou partie des feuilles des rameaux primaires en croissance.
« La défoliation va compliquer la formation des bourgeons latents et impacter les futurs rendements 2023 » prévient-il, expliquant que c’est à partir de la floraison 2022 que les futurs bourgeons latents se forment ou finissent, pour ceux de la base du rameau primaire, leur initiation florale.
Pour ne rien arranger, la réduction de la surface foliaire va impacter la mise en réserve du carbone dans les racines, le tronc, et les sarments. « Cela peut perturber le prochain débourrement, le développement des futurs rameaux primaires et leur fertilité l’année prochaine. En effet, le cep de vigne compte sur ces réserves carbonées pour se développer du débourrement à la nouaison ».
Alain Deloire ajoute en outre que la grêle risque de gêner l’aoutement des rameaux primaires et la formation de sarments propres à la taille d’hiver.
Si des bourgeons de la couronne et du vieux bois peuvent se développer et former de futurs sarments propres à la taille, ils seront quoiqu’il en soit peu voire pas fertiles. « Le fait que la grêle survienne au moment de la floraison n’est pas bon signe, car cela implique que les ceps ont plus ou moins épuisés leur sucres pour développer les rameaux endommagés et il restera alors peu d’énergie pour le développement des nouveaux bourgeons » regrette le professeur.


Conseiller viticole à la SICAVAC, à Sancerre, François Dal se montre moins alarmiste. « Comme la vigne ne porte plus de raisin, elle refera donc plus facilement ses réserves. Je n’ai jamais vraiment constaté de perte de rendement l’année qui suit une grêle à condition de très bien protéger le feuillage jusqu’en fin de saison et de laisser la vigne repousser comme elle l'entend, ne pas retailler, ou ébourgeonner ».
Alain Deloire est également pour le moins d'interventions possibles. « ll faut continuer à traiter pour éviter les attaques de bioagresseurs mais ne pas éliminer trop précocement les rameaux primaires endommagés au cas où ils repartent et forment des feuilles à partir des entre-cœurs ». Cet hiver, François Dal préconise aux vignerons de tailler en gardant plus d’yeux fructifères pour compenser ceux abimés, et de réguler lors de l’ébourgeonnage 2023.