es vins traditionnels que l’on ne sort que le dimanche ou pour de grandes occasions, jugés peu accessibles en termes de prix : voilà ce à quoi sont confrontés les vins du Médoc Haut-Médoc et Listrac Médoc (610 producteurs, 10 828 hectares). Des à priori que l’Organisme de Défense et de Gestion (ODG) entend casser. Pour ce faire, elle vient de lancer un observatoire des vins. « Nous voulons détromper le consommateur sur le caractère inaccessible de nos vins et ainsi retrouver des parts de marché en faisant ressortir la réalité de l’offre » indique Stéphane Cros, en charge des questions techniques et de communication au sein de l’ODG.
La démarche s’inspire de plusieurs travaux déjà menés. Ainsi ceux de Coline Leriche, doctorante en analyse sensorielle à l’Institut National de la Recherche pour l’Agriculture et l’Environnement (Inrae Montpellier), qui a mené une étude sur la typicité sensorielle de 6 AOP du Languedoc et ceux de Gilles de Revel, professeur d’œnologie à l’Institut des Sciences de la Vigne et du Vin (ISVV), spécialiste des analyses sensorielles, sur le profil des dégustateurs pour les vins de Saint-Emilion. Ce dernier met l’accent sur la question globale de l’appartenance à un type de vins. Bref, mieux connaitre la typicité des vins plutôt que de s’en tenir à l’absence de défauts qui fait l’appartenance.
Les producteurs de l’ODG ont été invités à jouer le jeu. 279 d’entre eux ont fourni les échantillons, des millésimes 2016 et 2018. Des dégustations vont être organisées. 9 dégustateurs par commission, vont gouter une trentaine de vins dès le 17 mai prochain. Au global ce sont 13 dégustations qui vont se tenir jusqu’à fin juin, soit 391 vins analysés. Trois critères sont pris en compte : des vins accessibles, traditionnels ou inadaptés (avec des défauts). Les vins les plus représentatifs dans ces trois catégories seront ensuite dégustés et analysés de façon plus descriptive avec des critères tels que les arômes de fruits, complexité, longueur, fraicheur etc. A chaque fois, une note sera attribuée sur une échelle de 0 à 10. C’est la note 5 qui sera retenue. De quoi établir une cartographie des résultats.
Dans un deuxième temps, les vins retenus seront soumis à la dégustation des consommateurs, par le biais de l’Ecole du vin du CIVB, le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux. L’habillage des bouteilles, les étiquettes seront également soumises au jugement des consommateurs. « Nous attendons les enseignements que l’on va tirer de ces dégustations, et ainsi mieux connaitre notre typicité, notre offre que ce soit en termes de profils, packaging, marchés, en ayant la vision du consommateur sur notre offre. Pour le moment on est un peu dans l’inconnu » avoue, modeste, Stéphane Cros.