onseiller viticole à la Chambre d’agriculture de Côte d’Or, en Bourgogne, Thomas Gouroux est intervenu sur le salon VinEquip ce 6 avril pour présenter les essais de son équipe et de ses confrères d’autres régions sur les différents systèmes de lutte contre le gel.
« On va agir soit sur la vigne, via des biostimulants par exemple, soit sur l’environnement, en augmentant la température de l’air ou en limitant la perte de chaleur par radiation » a-t-il commencé.
Dans la première catégorie, le conseiller a d’abord rappelé que le Comité Champagne (CIVC) a testé le chitosan avec peu de succès. « On a également beaucoup entendu parler du PEL 101 et du PEL 102, des préparations à base de pectines de pomme appliquées 12 à 48 heures avant le gel ». Dans l’Yonne, ces produits ont montré 0 à 50% d’efficacité. « Le PEL a une action quand la vigne est soumise a des températures minimales de -2°C et que l’humidité reste modérée » a expliqué Thomas Gouroux.
L’an passé la Champagne a également essayé l’homéopathie avec ClimatPlant, un produit composé d’huiles essentielles, de lithothamne, d’argile et de soufre, à appliquer lorsque la vigne pleure. « Dans les conditions très froides de 2021, ClimatPlant ne s’est pas avéré concluant ».


Les Autrichiens ont par ailleurs tenté une pulvérisation d’huiles végétales, de soja ou de colza, et noté un décalage de 8 jours du débourrement. « Un viticulteur en Côte d’Or a réussi à s’en procurer cette année et nous aurons aussi bientôt des résultats » a indiqué le conseiller.
Les flash UV-C semblent bien améliorer la résistance intrinsèque de la plante au gel. « Il faut passer dans tous les rangs 48 et 24h avant l’épisode. C’est contraignant et coûteux, mais en 2021, le CIVC a noté 30 à 40% de pertes de bourgeons en moins que sur une parcelle témoin ».
Des tests sur de la mousse isolante sont en cours en Suisse. « Nous avons pour l’heure peu de retours, et quid de la protection en cas de vent ou de pluie ? » se demande Thomas Gouroux.
Pour lui, l’aspersion reste la meilleure solution à condition d’avoir une installation à la pointe et bien entretenue.
Dans la catégorie des systèmes agissant sur l’environnement, la Chambre des Pays de la Loire a testé le Frost Buster, constitué de bombonnes de gaz et d’un canon à air chaud. « A -4,9°C la machine n’a limité les dégâts que sur 0,025 hectare sur 0,3, une surface bien plus petite que celle annoncée par le constructeur ». La version avec canon pivotant n’a pas encore été passée au banc d’essai.


« Les classiques bougies sont efficaces à condition d’en mettre assez et que la température humide ne tombe pas trop bas » a rapidement rappelé Thomas Gouroux, pour passer sur les chaufferettes à pellets Vitichauffe, Filpack, ou Terrasystema. « Le CIVC les a suivies l’an passé sur pinot noir dans un vignoble en ayant installé 234 par hectare. Seuls 14 % des bourgeons ont gelé dans la partie protégée contre 85 % dans la vigne témoin ».
Sur chardonnay, les câbles chauffants ont réchauffé le flux de sève et permis 32 % de gain de bourgeons et de 37 % de rendement.
La Chambre de Côte d’Or est actuellement en train d’évaluer de nouveaux câbles à chaleur infrarouge. « Je n’ai pas de données précises mais le système semble avoir un plus grand rayon d’action que le câble électrique classique » anticipe le conseiller.
Les tours éoliennes ont une nouvelle fois été testées dans l’Yonne en 2021 avec un effet visible de 1,5 à 3 hectares sur le 4 hectares annoncés. « Leur efficacité dépend vraiment de la force du vent et de la topographie des parcelles » a détaillé Thomas Gouroux.
Les tours antigel donnent en revanche de bons résultats lorsqu’elles sont associées à des braséros.
Le conseiller a ponctué son intervention en présentant des tests réalisés dans les Pays de la Loire sur des bâches blanches P30 en polypropylène. « La vigne témoin a gelé à 85%, contre seulement 12 % pour la partie voilée et 5% pour les bougies, moins écologiques ».
La Chambre d’agriculture de Côte d’Or teste le système cette année, en association ou non avec des câbles chauffants, et témoigne déjà d’une mise en place contraignante pour éviter que la bâche ne se plie entre les piquets.
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