Le malbec est sujet à la coulure, on ne pourra donc pas trop s’avancer avant la floraison », avance tout de suite Pascal Verhaeghe, vigneron au château du Cèdre et président de l’interprofession des vins de Cahors, pour situer les dégâts qu’a pu provoquer ce nouvel épisode de gel printanier.
Du 2 au 5 avril, les températures négatives ont été enregistrées dans le vignoble pendant trois nuits consécutives, « avec un minimum à -7°C mesuré au champ dans la nuit de samedi à dimanche dans la partie ouest du vignoble, mais cela a généralement oscillé entre -3°C et -5°C un peu partout », précise Julien Benier, conseiller viticole à la Chambre d’Agriculture du Lot. C’est malheureusement ce secteur le plus à l’ouest qui est également le plus précoce, et qui devrait donc enregistré les dégâts le plus marqués. « Nous pouvons avoir jusqu’à 20 jours de décalage de la physiologie entre l’est et l’ouest », appuie Pascal Verhaeghe, « mais les vignerons ont pris les devants en taillant plus tard ou en laissant des doubles baguettes avec plus d’yeux, 2021 était encore dans les mémoires ».
« Nous avons heureusement une semaine de retard physiologique par rapport à l’an dernier, ça a permis de limiter la casse, c’est sans commune mesure avec ce que nous avons eu en 2021 », rassure également Maurin Bérenger, le président de l’ODG (organisme de défense et de gestion) de l’AOC Cahors. « Les dégâts sont impossibles à quantifier actuellement », abonde Julien Benier, « nous avons vu des bourgeons endommagés et des pointes vertes nécrosées mais cela ne laisse en rien présager de la fertilité des rameaux qui vont pousser. Les vrai bilan sera fait lorsque les grappes seront visibles, voire au stade petit pois, car il y aura peut-être du millerandage ».
Le conseiller viticole a pu déjà observer un grossissement des bourgeons secondaires et se réjouit du fait que la partie est du vignoble ne présentait pratiquement que des bourgeons dans le coton. « Alors qu’elle était prévue, il n’y a pas eu de pluie il y a quinze jours, ce qui a ralenti le débourrement. La pluie est annoncée pour les jours à venir, ça accélèrera la physiologie pour bien observer la croissance des rameaux », poursuit-il.
S’il faut tout de même anticiper des pertes de récolte dans l’ouest de l’appellation, les vignerons cadurciens se disent néanmoins rassurés. Il faudra attendre mai ou juin pour avoir une idée précise de l’impact de cet épisode de gel d’avril 2022.