e Centre d'Economie Rurale du Rhône (Cerfrance du Rhône) présentait mardi 15 mars la troisième édition de la Vitiscopie en Beaujolais, qui agrège les résultats technico-économiques de 162 entreprises viticoles – un échantillon constant et débarrassé des extrêmes, permettant une comparaison au fil des ans.
Les résultats de cette campagne confirment l’impact du millésime. Avec 49 hl/ha récoltés en 2020, contre 41 hl/ha en 2019, les charges ont été diluées. Le coût de production moyen a dont été ramené à 257 €/hl au lieu de 301 €/hl. Le produit d’équilibre permettant de payer les charges, les salaires et les annuités s’est élevé au cours de cette campagne à 274 €/hl… plus facile à atteindre, donc, que les 326 €/hl de l’exercice précédent. En moyenne, l’Excédent Brut d'Exploitation (EBE) s’est établi à 60 646 € par entreprise, et le revenu disponible a augmenté de 30 %, s’établissant à 34 600 € par actif familial (ou UTHF).
Les exploitations ont retrouvé une marge d’orientation positive. Cher au CerFrance, « cet indicateur traduit la viabilité à long terme de l’entreprise, explique Damien Raffin, directeur du conseil stratégique. C’est l’argent qui reste pour piloter l’entreprise, en autofinançant des investissements ou en consolidant la trésorerie. » Négatif en 2019/2020, ce volant de ressources est remonté à 5 300 €/UTHF en moyenne sur cette campagne.
Ces nouveaux résultats confirment la tendance observée l’an passé : « Le quart supérieur de l’échantillon, constitué des exploitations les plus performantes, évolue indépendamment de l’effet millésime et a plutôt tendance à voir ses résultats s’améliorer au fil des ans », note Damien Raffin. L’analyse détaillée des résultats livre leurs clés de réussite.
Par rapport à la moyenne, les entreprises les plus performantes économisent 51 €/hl. Leur rendement plus élevé (52 hl/ha) dilue leur coût de production, et leurs dépenses sont maîtrisées, notamment sur les charges opérationnelles et la mécanisation. Cette campagne, contrairement à la précédente, fait aussi ressortir un effet appellation : le quart supérieur possède davantage de vignes en crus. Le mode de commercialisation, lui, ne semble pas déterminant. La proportion de vente directe est la plus faible dans le quart supérieur, mais ce dernier vend au négoce à de meilleurs prix : 257 €/hl, contre 129 €/hl pour le quart inférieur. « Valoriser l’ensemble de ses volumes, et pas seulement les vins en bouteille, est une clé du succès », conclut Damien Raffin.
Qu’en sera-t-il l’an prochain ? Avec une récolte 2021 historiquement basse à 39 hl/ha, et la flambée des prix des intrants, les coûts de production seront forcément en nette hausse. Le regain de notoriété auprès des consommateurs, et le dynamisme du marché vrac en prix et en volumes, autorisent malgré tout à conserver un certain optimisme.