rojet de réhabilitation conséquent pour l’Organisme de Défense et de Gestion des appellations Bordeaux et Bordeaux Supérieur (ODG Bordeaux), la réhabilitation de son siège, Planète Bordeaux s’étoffe. La remise à neuf de son pôle touristique et administratif passe d’un budget initialement prévu de 4 millions d’euros à 6,5 millions €. Un surcoût de 63 % en un an qui est lié à un élargissement du périmètre des travaux. Soit l’intégration de l’organisme de contrôle Quali-Bordeaux (suivant la majorité des AOC de Gironde et de Dordogne, sous la tutelle de l’INAO), des frais de désamiantage (le bâtiment date de 1978, à l’époque sous le nom de maison de la qualité), de nouvelles mises en conformité (notamment sur de nouvelles normes économie d’énergie…) explique Stéphane Gabard, le président des Bordeaux et Bordeaux Supérieur.
Validé à trois reprises en conseils d’administration (de la fin 2020 au début 2022), ce projet était présenté ce vendredi 4 mars en assemblée général à Planète Bordeaux (Beychac-et-Cailleau). « Certains nous encouragent, d’autres s’inquiètent de l’investissement » note Stéphane Gabard, qui reconnaît qu’au sein de l’ODG, « nous-mêmes sommes inquiets sur l’évolution du prix des matières premières au vu de la situation internationale ». Alors qu’il va déposer un permis de construire, le syndicat ne s’interdit pas de décaler les dates des travaux pour avoir plus de stabilité sur les prix et éviter un dépassement. Actuellement, le site rénové doit ouvrir ses portes en 2024.
Connaissant bien le projet pour l’avoir travaillé avant de prendre la présidence de l’ODG, en décembre 2020, Stéphane Gabard souligne l’importance de doter les appellations Bordeaux et Bordeaux Supérieur d’un ancrage local aussi moderne qu’ambitieux. Si la situation économique du vignoble girondin reste difficile (voir encadré), l’ODG défend la réhabilitation d’un outil touristique devenu obsolète* afin de rénover l’image de marque des vins de Bordeaux. Ce qui passe par une meilleure valorisation de "la cave des 1 001 châteaux" (actuellement 800 références, de rouges, blancs, rosés, crémants, fine…). Devenant l’axe central du site réhabilité avec 350 m², ce point de vente ne serait plus souterrain, mais placé sur l’aile ouest de Planète Bordeaux (donnant sur des parcelles de vignes), avec une salle de spectacle immersif à 360° (sons, lumières, odeurs…), une offre d’ateliers (sensoriels, ludiques…) et un restaurant (avec bar à vin).
L’autre volet de cette rénovation est le pôle administratif, qui prendrait l’aile est (donnant sur la zone industrielle de Beychac-et-Cailleau). Accueillant actuellement les bureaux de l’ODG, du Groupement de Défense contre les Organismes Nuisibles (GDON) et l’Association Départmentale de Lutte contre les Fléaux Atmosphériques (ADELFA), Planète Bordeaux deviendrait un pôle vitivinicole renforcé en intégrant les bureaux administratifs de Quali-Bordeaux (actuellement basés à Yvrac). Défendant un rapprochement logique (la principale salle de dégustation de Quali-Bordeaux se trouve déjà à Planète Bordeaux), Stéphane Gabard, précise, en ancien président de Quali-Bordeaux, qu’« il n’y a pas de message politique pour les autres ODG, mais une recherche de synergie en profitant du chantier de Planète Bordeaux ».
Pour le président des Bordeaux, ce chantier conséquent doit permettre à l’ensemble du vignoble de « redonner envie en accueillant les prescripteurs et en travaillant sur notre ancrage local ».
* : Fondée en 2002 comme outil de promotion et de tourisme, Planète Bordeaux a connu des travaux de rénovation en 2012. Les dernières évolutions du contenu ont eu lieu en 2002, avec le changement de modules numériques.
Pour son assemblée générale, l’ODG a profité de son bilan économique pour mettre en avant les prix de ventes des vins de Bordeaux en bouteille. Alors que les cours du tonneau focalisent l’attention, le vrac représente 55 % des volumes d’AOP Bordeaux et 40 % de l’AOP Bordeaux Supérieur indique Stéphane Gabard. Plaidant pour la création, et l’utilisation, d’indicateurs alternatifs (comme le prix de revient à l’hectare), le président d’ODG espère faire avancer l’idée d’une nouvelle segmentation de la production de vins girondins. Soit « arrêter le tout AOP pour implanter des IGP et des VSIG » explique-t-il. Ce qui nécessite de « ne plus toujours parler du prix au tonneau, mais de voir selon les filières celles qui peuvent être intéressantes. On aimerait créer une filière IGP et VSIG à Bordeaux » indique Stéphane Gabard. Qui se heurte au le paradoxe de l’œuf et de la poule : « les commercialisateurs nous disent qu’il n’y a pas de filière pour créer un marché, nous leur répondons qu’il n’y aura pas de production tant qu’il n’y aura pas de demande ».