Je m’attendais à des goûts à la Frankenstein, je suis agréablement surprise » commente une acheteuse après avoir dégusté le floréal "Nu.vo.té" des vignobles Foncalieu, dernier né de leur gamme de vins issus de variétés résistantes au mildiou et à l'oïdium.
« C’est justement ce que nous souhaitions vous montrer. Les variétés que nous sélectionnons doivent non seulement présenter les gènes de résistance au mildiou et à l’oïdium, mais également donner des vins qui ne perturbent pas le consommateur » lui explique Alain Samson, de l’Institut National de la Recherche pour l'Agriculture et l'Environnement (Inrae) de Pech Rouge (Hérault).
Animant une masterclass organisée par Millésime Bio lors du dernier jour du salon à Montpellier, l’oenologue fait ensuite découvrir aux visiteurs du salon les cépages de l'Inrae que sont l’artaban et le vidoc, vinifiés en rosé et rouge, mais aussi des variétés issues des sélections du défunt Alain Bouquet : le G5, un blanc aux arômes muscatés, le rouge 3176-21-11, composant la cuvée "Les Colombiers" vinifiée par l’Inrae en appellation La Clape, et le3328-177, issu d’un croisement avec le cépage marselan.
Les deux rouges Bouquet recueillent la préférence des participants. « Leur nez et leur bouche sont vraiment raccords, contrairement aux précédents » indique une autre acheteuse. « Pourquoi ne sont-ils pas encore inscrits au catalogue ? » demande un vigneron.


Sur son stand, Stéphane May, responsable commercial pour le circuit traditionnel des vignobles Foncalieu, nous explique que les visiteurs sont avant tout attirés par les étiquettes de la gamme Nuvotec. « Les gens ne s’arrêtent pas parce que ce sont des cépages résistants. En revanche, lorsqu’ils dégustent et que nous leur expliquons qu’ils se cultivent sans ou avec très peu de produits phytosanitaires, nous marquons des points ».
Même constat pour Vincent Pugibet, gérant du domaine de la Colombette. « Contrairement aux tendances No et Low Alcohol, qui émanent directement de la demande des consommateurs, les cépages résistants constituent un projet vigneron » constate-t-il. Précurseur en la matière, il en cultive déjà 120 hectares. « Nous ne plantons plus que ça et les bons vins trouvent leur marché sans difficulté ».
Pour autant, en prévision d’une augmentation de l’offre, Vincent Pugibet aimerait un débat sur le nom des variétés résistantes. « Il faut qu’ils ressemblent au merlot ou autres, comme le cabernet blanc résistant. Quand le public aura vraiment compris que ces vignes nécessitent beaucoup moins de traitements, si rien n’a changé, il se dira que les vins qui en sont issus sont sains et que ceux issus de variétés classiques sont toxiques » alerte-t-il.