ixée, et répétée, par le ministre de l’Agriculture, la date butoir de la refonte de la certification Haute Valeur Environnementale (HVE) reste fixée au 31 décembre 2022, pour que le label français soit intégré dans les écorégimes reconnus par la nouvelle Politique Agricole Commune (PAC en vigueur dès le premier janvier 2023). Ne préférant plus s’avancer sur un calendrier, Laurent Brault, le responsable du développement de l’association HVE note, sur son stand au salon de l’Agriculture, que la rénovation va se dérouler en deux étapes. D’abord une phase d’adaptation technique du cahier des charges en mettant à jour des dispositifs obsolètes (certaines listes figées, des indicateurs à réviser pour être au niveau des seuils de la future PAC…), qui pourrait être validée durant ce premier semestre.
Ensuite viendra une refonte de certains critères : à commencer par l’option B, qui permet un accès sur critères comptables. Et qui est dans le viseur du ministre de l’Agriculture. Pour Laurent Brault, « l’option B est un non-sujet pour les vins certifiés HVE. C’est une voie par défaut pour certaines filières, comme l’arboriculture n’ayant pas de niveaux définis pour les Indices de Fréquence de Traitement (IFT). » Et de souligner que sur les 19 000 exploitations agricoles certifiées au premier juillet 2021, seules 14 % suivaient la voie B. « C’est très peu proposé en viticulture. Mais comme il est dit et répété par les auditeurs et les exploitants que la voie A est plus sérieuse, tout le monde est persuadé que l’option B est plus importante qu’elle ne l’est. »
Concernant les autres pistes d’évolution de la HVE, Laurent Brault note que le renforcement des IFT pour la viticulture reste un mauvais signal aux autres filières envisageant de s’impliquer dans la HVE (la vigne représente 76 % des certifiés mi-2021). « Comme les cahiers des charges ne sont pas pilotées par les filières mais par la Commission Nationale de la Certification Environnementale (CNCE), cela pourrait être un mauvais exemple » indique Laurent Brault. Qui n’est pas convaincu par la pertinence d’une interdiction pure et simple des phytos classés Cancérigènes, Mutagènes et Reprotoxiques (CMR) dans le cahier des charges CMR. « Ce serait une facilité dialectique pour répondre aux critiques sur la HVE, mais techniquement il y a un besoin de ces produits sur les années exceptionnelles. Soit la réglementation les interdit, et cela devient un enjeu règlementaire de niveau 1 de la certification, soit il serait intéressant de perdre des points dans le niveau 3 pour l’usage de CMR afin de viser un niveau zéro » explique-t-il.
Si ces sujets sont loin d’être arbitrés entre filières et ONG, pour l’avenir, le ministre de l’Agriculture évoque déjà des pistes d’inclusion de l’empreinte carbone, alors qu’un crédit carbone est porté politiquement.