e faisant attendre, « l’aide à l’aval est en train de perdre de son intérêt » résume Ludovic Roux, le président de la section Vignerons Coopérateurs de Coop de France Occitanie, pour l’annonce de ce soutien aux entreprises del l’aval touchées par le gel « était une bonne idée politique, mais sa mise en œuvre perd en efficacité et en équité ». Détaillé officiellement en juin 2021, le dispositif d’aide aux charges fixes des entreprises de l’aval doit compenser 50 % des pertes d’Excédent Brut d’Exploitation (EBE) pour les entreprises éligibles (dont l’activité dépend à 60 % des zones touchées par gel, sous condition d’une perte de 20 % des quantités d’approvisionnement et d’une chute de 30 % de l’EBE, avec un plafond de 5 millions €/bénéficiaire).
Au-delà du fait que le gel du printemps 2021 ne va pas toucher l’EBE des entreprises vitivinicoles immédiatement en 2021, mais sera décalé dans le temps, Anne Haller, la directrice des Vignerons Coopérateurs, souligne que « pour les caves coopératives, l’EBE est un résultat d’activité économique réduit par la rémunération des coopérateurs (considérée comme un achat de matière première). C’est outil comptable qui n’est pas optimisé pour les coops. » Ce que confirme Ludovic Roux : « l’EBE n’est pas significatif pour les coopératives, il est toujours faible. La première charge d’une coopérative, c’est le paiement de ses adhérents. Ce critère a peu de valeur comme les coopératives sont faites pour rémunérer les coopérateurs. »


Regrettant que « les pouvoirs publics français et européens connaissent mal le système coopératif », le viticulteur audois esquisse des propositions alternatives : calculer un EBE reconstitué et validé par commissaires aux comptes sans les paiements aux adhérents, comparer les déclarations de récolte pour quantifier les volumes perdus… Des solutions qui n’ont pas convaincu les services du ministère de l’Agriculture, qui n’a pas donné suite aux sollicitations de Vitisphere au moment de la publication. Sans aide adaptée à la réalité des pertes, le déséquilibre des coûts de production pèsera sur les vignerons prévient Ludovic Roux : « les frais vont exploser pour des pertes de 30 à 40 % de récolte. 80 % des charges de coopératives sont fixes (salaires, structures…). »
Bénéficiant d’une enveloppe de 150 millions euros pour la viticulture et les fruits et légumes, cette aide à l’aval peut déjà bénéficier d’une avance remboursable. Mais le manque de visibilité sur les montants et les dates de versement du solde pèsent sur l’outil prévient Anne Haller, faisant état d’une ouverture du guichet de dépôt des dossiers qui n’est pas attendue avant juillet : « il est dommage qu’il y ait ce décalage par rapport à la crise du gel et aux objectifs de l’outil. Cela ne va pas permettre de soutenir les producteurs… »
D’un naturel optimiste, Ludovic Roux compte profiter du prochain salon de l’Agriculture (du samedi 26 février au dimanche 6 mars à Paris) pour sensibiliser les institutions et élus pour trouver une solution. D’autant plus que le vignoble ne cache pas sa déception après d’autres déconvenues : les plafonds européens pour le rachat de 2,5 % de la franchise des vignerons assurés et la mise en place d’un taux de réfaction mildiou pour les aides aux calamités agricoles des non-assurés.