n effet, si les volumes récoltés en Australie risquent d’être importants en raison du phénomène météorologique La Nina et ses pluies abondantes, l’Afrique du Sud et l’Argentine s’attendent cette année à des productions en baisse. Au Chili, le courtier international Ciatti évoque une récolte normale ou légèrement supérieure à la normale, « certainement pas une récolte record ». Différents facteurs sont à l’œuvre : si les professionnels sud-africains attribuent, en partie, la baisse de récolte attendue cette année à des arrachages, l’Argentine a été frappée par des gelées et des orages de grêle ; au Chili, la sécheresse sévit de nouveau.
Sur la base de prévisions établies selon une méthodologie mise en œuvre l’an dernier pour la première fois, l’Instituto Nacional de Vitivinicultura en Argentine prévoit actuellement une régression de 13 % de la production par rapport à 2021. Concrètement, l’organisme situe la récolte à 19,44 millions de quintaux, contre 22,22 millions de quintaux l’an dernier. La diminution atteindrait 14 % dans la principale province productrice, Mendoza, frappée par des gelées tardives en octobre et des orages de grêle entre décembre et février. San Juan aussi s’inscrit en baisse, de 10 %, de même que les provinces du Sud (-17 %) et la Rioja (-9 %), alors que Salta et Catamarca s’attendent à des hausses respectives de 14 et 3 %. Si les prévisions nationales se confirment, la production 2022 serait la deuxième récolte la plus faible depuis 50 ans, après celle de 2016. De l’autre côté des Andes, c’est plutôt la sécheresse qui préoccupe et qui pourrait limiter le potentiel de récolte cette année. Côté positif, selon Ciatti, 90 % des raisins sont déjà achetés et, malgré les challenges logistiques qui perdurent, les exportations chiliennes se portent bien, notamment en direction des Etats-Unis et de la Chine.
En Afrique du Sud, même si des prévisions volumiques précises n’ont pas encore été divulguées, l’organisme professionnel Vinpro vient d’annoncer une récolte 2022 plus faible que la normale, citant comme causes la réduction de la superficie du vignoble, la forte pression de l’oïdium et du mildiou, et des vagues de chaleur qui ont entraîné des phénomènes de brûlure dans certaines zones. Seules les régions de Stellenbosch, Klein Karoo et la côte sud du Cap dérogent à la tendance générale à la baisse. Autrement, Vinpro qualifie l’année d’exceptionnelle, des précipitations supérieures à la normale permettant d’écarter toute crainte de sécheresse.
Enfin, en Nouvelle-Zélande, où les vendanges ont déjà commencé, les espoirs sont grands quant à une récolte importante, susceptible de reconstituer les stocks et de réamorcer la pompe commerciale mise à mal par la faible récolte de 2021. L’an dernier, pour rappel, la production a régressé de 19 % par rapport à 2020, obligeant le secteur à faire des choix difficiles quant à l’approvisionnement de ses clients. Résultat : d’autres pays producteurs comme l’Afrique du Sud et le Chili se sont engouffrés dans la brèche laissée par la Nouvelle-Zélande, dont les exportations ont reculé de 3 % en valeur. « Les ventes de vins néo-zélandais ont totalisé 324 millions de litres en 2021, soit 48 millions de plus que le volume produit cette année-là », explique Philip Gregan, directeur de New Zealand Winegrowers. « La réduction des stocks qui en a résulté souligne le besoin impérieux d’une récolte plus importante en 2022 pour remplir de nouveau les caves et contribuer à satisfaire la demande internationale ».
Seule ombre à l’horizon pour l’heure, la pénurie de main d’œuvre. « L’arrivée d’Omicron au sein de la communauté néo-zélandaise à la veille des vendanges représente un problème très grave pour les viticulteurs et les caves de vinification car… nous sommes déjà confrontés à une pénurie critique de main d’œuvre dans certains secteurs ». Fidèles à leur réputation, les professionnels néo-zélandais restent toutefois optimistes : « Nous nous réjouissons de la perspective d'une nouvelle récolte d'excellente qualité et nous considérons qu'une approche optimiste et l'entraide nous permettront de surmonter les obstacles », conclut Philip Gregan.