ermenti…No ! Comme le confirment les Fraudes françaises, la réglementation européenne de 2018 sur l’étiquetage des appellations d’origine vient perturber les perspectives de développement méridional des vins de ce cépage blanc aux racines italiennes et au potentiel commercial montant. Si les vins de vermentino sont marqués par des équilibres de fraîcheur, de gras et d’arômes dans l’air du temps, le nom du cépage n’est ni étiquetable, ni communicable, sur des bouteilles françaises en vertu de la protection de deux appellations italiennes (Vermentino di Gallura et Vermentino di Sardegna).
Ce récent rappel à une loi communautaire déjà ancienne alimente la fureur des opérateurs du Languedoc, où l’on aime répéter que les cépages dits internationaux sont bien souvent français. Ayant suscité l’émoi des lecteurs de Vitisphere, cette problématique du vermentino peut être résolue par une alternative plébiscitée dans les commentaires : utiliser un autre nom du cépage, le rolle. À défaut de vermentino (ou vermentinu en Corse), cet homonyme déjà usité en Provence est une solution demandant cependant des investissements conséquents en communication. Ce qui ne convaincra sans doute pas tous les opérateurs languedociens, peu amusés par cette histoire de rolle, d’autant plus qu'ils sont déjà tendus par les péripéties réglementaires de la marque Sud de France.
Si la réglementation européenne sur les indications géographiques est souvent vue comme limitante, pour ne pas dire castratrice, dans la filière vin, elle permet une protection de la valeur collective créée par les AOP et autres mentions traditionnelles. Pour imposer ses règles d'usage aux autres vignobles… Il faut aussi les accepter. Alors que les appels au désengagement de Bruxelles de ces questions d’Indication Géographique émanent d’opérateurs déçus par ces contraintes et demandeurs de liberté, le projet de la Commission Européenne d’un transfert de compétences à une agence de droit des marques inquiète les connaisseurs du droit international. Si elle peut être limitante, la vision européenne des Indications Géographiques en tant que biens collectifs permet un pilotage global, des cahiers des charges d’un point de vue agronomique et de la protection internationale de ces mentions valorisantes. Une approche bien différente des philosophies anglosaxonnes de marques collectives. Au final, let’s rock’n rolle ?