a région Occitanie relance l’épineux dossier de la marque Sud de France, largement utilisée par les entreprises exportatrices de la région, alors qu’elle n’est pas en conformité avec le règlement européen sur l’étiquetage des vins. Pour sortir de cette impasse réglementaire, Carole Delga, présidente de la Région Occitanie, a écrit le 12 janvier au Préfet de Région, lui demandant « de prévoir dès que possible la tenue d'un Comité de bassin auquel elle participera, afin d'amorcer une procédure de changement de nom du bassin viticole "Languedoc Roussillon" en "Sud de France"», première étape vers une régularisation de la situation.
« Les échanges et réflexions engagés entre depuis décembre 2019 entre la Région, l'INAO (Institut National de l'Origine et de la Qualité) et les interprofessions viticoles ont permis d'aboutir à une solution concertée prévoyant : dans un premier temps, le changement de nom du bassin "Languedoc-Roussillon" en bassin "Sud de France". Dans un second temps, l'intégration du nom du bassin nouvellement renommé dans les cahiers des charges de chacun des signes de qualité concernés », précise la missive.


La réglementation européenne sur l’étiquetage indique que « les vins bénéficiant d’une IGP ou AOP peuvent mentionner sur l’étiquette le nom d’une unité géographique plus grande que leur zone de production AOP ou IGP si le cahier des charges de ces indications géographiques le prévoit ». Or Sud de France n’est mentionnée dans aucun des cahiers des charges des indications géographiques régionales, pour la bonne raison qu’elle n’est pas une zone géographique reconnue administrativement. D’où la nécessité au préalable de rebaptiser le comité de bassin Sud de France afin d’ancrer cette dénomination sur un territoire précis pour qu’elle soit reconnue mention géographique.
Dans un deuxième temps, les Organismes de Défense et de gestion (ODG) pourront modifier leur cahier des charges et introduire la mention Sud de France. Mais là où le bât blesse, c’est que les appellations sous-régionales comme Faugères, Saint Chinian, Picpoul de Pinet ou Terrasses du Larzac, ne pourront plus mentionner Languedoc si elles font le choix de Sud de France dans leur cahier des charges, idem pour les Costières de Nîmes avec la mention vins de la Vallée du Rhône. En effet, le règlement européen indique la possibilité de mentionner « une » entité géographique plus grande et non pas « une ou plusieurs ». Certains rétorqueront qu’il n’est pas indiqué non plus « une et une seule ». Pas faux non plus, même si la première interprétation du texte semble la plus communément admise. En tout cas, un sérieux casse-tête en perspective.
En revanche, la question ne se pose pas pour les AOC Languedoc ou Côtes du Roussillon, ni pour les IGP, qui ne mentionnent pas d’entité géographique plus grande sur leurs étiquettes.
Sud de France a été lancée en 2006 par le Conseil régional de l’ex-région Languedoc-Roussillon. L’objectif était de fédérer sous une marque ombrelle l’ensemble des vins à indication géographique de la région pour leur donner plus de lisibilité notamment à l’export. Depuis son lancement, la Région a investi de l’ordre de 15 millions € dans la promotion de cette marque, toutes filières confondues. La plupart des entreprises viticoles exportatrices s’en sont emparé et la mentionnent sur leurs étiquettes, notamment pour les vins destinés à l’export. Selon l’agence AD’OCC, agence de développement économique de la région Occitanie, Sud de France est en Chine la deuxième marque en termes de notoriété derrière Bordeaux. On comprend que les entreprises y soient attachées.