as de possibilité de devenir grand cru classé de Saint-Émilion en 2022 pour le château Rocheyron (8,45 hectares en bio, appartenant depuis 2010 à l'entrepreneur suisse Silvio Denz et à l'œnologue danois Peter Sisseck) arrête ce 3 février le juge des référés du tribunal administratif de Bordeaux, qui rejette la demande suspension de l'irrecevabilité de sa candidature par l'Institut National de l'Origine et de la Qualité (INAO). Pour le juge, l'affaire est entendue : « la production de l'assiette foncière ne respectait pas le taux moyen de 50 % fixé par l'article 4* du règlement du classement et l'INAO aurait pris la même décision à l'égard du château Rocheyron ».
Comme défendu lors de l'audience du 31 janvier dernier, la propriété estime que les vins produits sous son nom représentent 50,4 % des volumes produits sur les 10 ans étudies. Alors que le calcul de la moyenne décennale des moyennes annuelles est de 48,5 % pour l'INAO, qui souligne que les 144 autres candidats au classement de 2022 revendiquent en moyenne 75 % de leur production sous leur nom de cru. Pour l'institut, le dossier du château Rocheyron témoigne d'un décalage net entre la superficie de l'assiette foncière candidate au classement et la production qui est revendiquée sous le nom du cru présenté.
Indiquant avoir investi 750 000 euros pour concourir au titre de grand cru classé, le château Rocheyron ne sera pas la troisième propriété à réintégrer ce classement en cours de révision décennale. Cette procédure infructueuse fait suite aux arrêts remportés par les châteaux Croix de Labrie (appartenant à la famille Courdurié) et Tour Saint-Christophe (Vignobles K, de l'investisseur chinois Peter Kwok) concernant le calcul des évolutions de leurs assiettes foncières, les ayant conduits à une réintégration à la procédure de classement en décembre dernier.
Il n'est cependant pas dit que cette décision négative marque la fin de la saga judiciaire du futur classement de Saint-Émilion, cas d'école de la judiciarisation de la filière vin depuis plus de 15 ans.
* : Ce règlement impose à ses candidats d'« avoir produit durant cette période sous le nom du cru revendiqué un minimum de 50 % en moyenne des vins issus de l'assiette foncière figurant dans le dossier de candidature ».