i-février, le parlement européen doit se pencher sur le rapport du comité spécial sur la lutte contre le cancer (Beating Cancer, BECA). Si 71 eurodéputés signent l’amendement du parlementaire italien Herbert Dorfmann d’ici ce vendredi 4 février, la séance plénière devra se positionner sur les notions dangerosité de la consommation de boissons alcoolisées. Avec une précision chirurgicale, la proposition d’amendement modifie à la marge le rapport d’origine pour nuancer les effets sanitaires de la consommation d’alcool. Là où le texte original amalgame toutes les consommations d’alcool, qu’elles soient modérées ou abusives, Herbert Dorfmann oriente la lutte contre les usages immodérés.
La formule qui « rappelle que la consommation d’alcool est un facteur de risque pour de nombreux cancers » deviendrait une phrase qui « souligne que la consommation nocive est un facteur de risque etc. » De même, le rappel de l’étude de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMC) qui « reconnaît qu’il n’existe pas de niveau de consommation d’alcool sans risque quand il s’agit de prévention » deviendrait « l’abstinence est le niveau de consommation d’alcool le plus sûr quand il s’agit de prévention ». Surtout, le texte ne demanderait plus d’étiqueter sur les bouteilles d’alcool « des mentions de mise en garde pour la santé », mais « des informations sur la consommation modérée et responsable ».


Suivi avec attention par la filière des vins européens, ce rapport pourrait, en l’état, avoir des conséquences inédites sur la consommation et la production de vin. La crainte du vignoble étant d’aboutir à un désengagement communautaire du vignoble, vu comme une source de poison. D’où le soutien de la filière à cet amendement luttant contre l’idée que toute consommation d’alcool est néfaste. « Mon objectif dans le rapport est de faire la différence entre l'usage et l'abus de boissons alcoolisées » indique justement à Vitisphere l’eurodéputé Herbert Dorfmann. « La consommation de bière, de vin et de spiritueux fait partie de notre culture en Europe, elle stimule l'économie, souvent dans des zones rurales difficiles avec peu d'alternatives productives, et elle crée des paysages uniques qui sont admirés dans le monde entier. Que seraient la Toscane, la Champagne, la Moselle ou ma maison sans les vignes ? Ce seraient des zones pauvres et laides. Et que seraient nos déjeuners et dîners sans un verre de vin de qualité ? Un ennui » pointe l’élu italien du Sud-Tyrol.
Herbert Dorfmann ajoute qu’« en même temps, nous savons que l'alcool est une substance dangereuse qui peut causer des dégâts et des maladies, y compris, malheureusement, le cancer. Je veux juste souligner cette réalité. Et force est de constater que, si nous ne sommes pas précis à ce sujet, le rapport de la Commission risque de devenir un parfait prétexte pour ceux qui veulent bloquer les financements destinés à la promotion de nos vins de qualité. C'est déjà le cas : il suffit de regarder les lignes directrices pour sélectionner les projets éligibles à la promotion cette année. » Établi chaque année par la Commission Européenne, le cadre budgétaire de la promotion agricole suit des priorités thématiques. L'agriculture biologique, l'agriculture durable et le bien-être animal sont actuellement mis en avant, ce qui fait grincer les dents des filières passant en second pour utiliser des fonds de promotion. Si la filière vin utilise principalement des fonds issus des plans nationaux, ce budget général est également mis à contribution.