550 mm d’eau sont tombés sur mes vignes entre mai et juillet dernier » se souvient très bien Jean-Denis Perrochet, du domaine de la maison carrée dans le Jura suisse.
La généralisation des tâches de mildiou à compter de juillet l’a contraint à pulvériser de la bouillie bordelaise sur les 2,8 hectares de chasselas, savagnin et pinot qu’il n’avait prévu de ne protéger qu’avec du lait écrémé récupéré la veille chez un fermier voisin, fort de ses bons résultats en 2019 et 2020.
« J’ai économisé 7 traitements au cuivre, mais j’aurais dû en utiliser un peu plus tôt car cette fois je suis loin d’avoir fait le rendement partout, notamment sur chasselas et dans les zones les moins aérées » regrette-t-il.
En parallèle, pour mieux évaluer l’efficacité du lait, Jean-Denis Perrochet a travaillé à l’atomiseur à dos sur 2000m², en gardant des témoins non traités (TNT), en protégeant des rangs au lait, et d’autre au cuivre. En fin de campagne, David Marchand, un technicien de la FiBL, institut de recherche pour l’agriculture biologique, a comparé les modalités.
Sur les 4 TNT, il n’a rien trouvé à vendanger. Le lait a sauvé au moins 60% des raisins, et le cuivre 100% de la récolte. « David Marchand a suivi d’autres essais et m’affirmé que le lait est le seul alternatif au cuivre ayant été efficace cette année, même de manière partielle » rapporte le vigneron.


Jean-Denis Perrochet en emploiera encore en 2022, en passant plus vite au cuivre si l’état sanitaire commence à décrocher. « Un collègue de Suisse alémanique a sauvé sa vendange en alternant un traitement au lait et un au cuivre toute la saison, je vais peut-être aussi essayer ».
Comme cette année, il continuera également à échanger avec Agnès Boisson, conseillère en viticulture chez Bio Bourgogne. « Nous discutons du lait sur un groupe WhatsApp avec d’autres techniciens » poursuit cette dernière.
Le dernier millésime lui a permis de se faire une première idée de son intérêt contre le mildiou.
« Depuis 2015, je réalise des comptages sur feuilles et sur grappes dans un domaine à Savigny-Les-Beaune, en Côte d’Or, qui l’utilise contre le l’oïdium en remplacement du soufre avec de très bons résultats. Cette année, comme la pression mildiou a été très forte en Bourgogne, le vigneron a tenté d’associer 15% de lait écrémé à son volume de bouillie » détaille Agnès Boisson.
Le test a été réalisé sur un bloc de pinot noir, avec un enchainement de 10 traitements du 25 mai au 5 août. « Les sols ont été détrempés mi-juillet et, sans chenillard, le vigneron n’a pas pu aller traiter avant le 20. A la mi-août on trouvait 74% en fréquence sur grappes pour une intensité de 11%. Pour finir, le mildiou a causé plus de pertes que l’oïdium, malgré le recours à 2500g de cuivre métal/ha et 408 litres/ha de lait ».


Quid de l’apport du lait ? Agnès Boisson dit manquer de recul mais ne semble pas emballée, d’autant que les bouts de rangs uniquement protégés au lait pour ce premier essai étaient tous défoliés début septembre, contrairement à ceux ayant vus du cuivre.
« Je pense qu’il ne faut pas chercher à faire trop compliqué, conclut-elle. Le cuivre seul et même à faible dose fonctionne très bien si on a les moyens de sortir effeuiller et traiter au bon moment ».