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Couper court aux mauvaises pratiques de taille
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2021 dans le rétroviseur
Couper court aux mauvaises pratiques de taille

[Article paru le 30 novembre] A l’invitation de la cave de Vinovalie, pas moins de 40 viticulteurs se retrouvent à Gaillac pour apprendre les dernières avancées sur la taille et le dépérissement. Infaco et le robot de taille R2T2 sont aussi invités à partager leurs avancées de R&D.
Par Vincent Gobert Le 31 décembre 2021
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Couper court aux mauvaises pratiques de taille
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’union de caves occitanes Vinovalie convie ce jeudi 25 décembre ses adhérents à une journée technique taille intitulée « préparez vos vignes à l’avenir ». Le programme est ambitieux – physiologie végétale, taille respectueuse du flux de sève, impact sur les maladies du bois, électronique de sécateur, robot de taille – et les coopérateurs nombreux. Une quarantaine d’entre eux, sur quelques 400 que compte Vinovalie, se sont déplacés pour l’occasion au Château Tauziès, à Gaillac. Et très vite, les orateurs reçoivent l’attention des viticulteurs. Puis les questions fusent.

Premier temps fort « physio » sous la charpente apparente de la salle, la constitution des réserves par la vigne et leur mobilisation. « Il était particulièrement important en cette année de forts gels de continuer à travailler la vigne pour que les réserves soient constituées, enseigne Laurence Gény-Denis, professeure à l’Institut des Sciences de la Vigne et du Vin (ISVV), car les réserves de la vigne sont consommées sur un gel tardif. Il y a donc surconsommation des réserves quand la végétation repart, la plante va chercher dans les réserves tardives. Cela peut expliquer la mort de plantiers ».

La juste dose de feuilles

Attention aux effeuillages excessifs ! Autre avertissement de celle qui est aussi directrice adjointe de l’ISVV, « il faut bien réfléchir à la surface foliaire car si elle est trop faible elle limitera la mise en réserve ». Et de répéter qu’il faut toujours plus de bois vivant que de bois mort. A une question de la salle sur les effets des attaques de mildiou et l’absence de grappe, l’enseignante chercheuse répond qu’avec les feuilles fonctionnelles restantes, les réservent se constituent quand même. « La circulation de sève est très compartimentée ».

A la taille, le chicot laissé à l’extérieur entraine dans le bois la formation du cône de dessication. Cette zone de cicatrisation issue de la plaie de taille « peut être plus longue et profonde que le diamètre de plaie ! avertit Laurence Gény-Denis. On sait maintenant qu’il n’y a pas de relation entre diamètre et profondeur. Il faut absolument limiter cette profondeur de cône pour ne pas qu’il s’installe dans la zone de circulation des flux de sève ». Il y a 3 leviers pour cela : éviter d’enlever les diaphragmes, s’assurer de tire-sèves, et positionner les plaies contigües dans une zone pour s’assurer de flux continu.

Epamprer comme on taille

Comment épamprer en respectant les flux de sève ? A cette question d’un viticulteur, la professeure reste prudente. « C’est un des travaux du plan de dépérissement. On n’a pas encore de résultat probant. Mais [dans la logique du respect des flux de sève], il faut les travailler comme du bois de taille, tailler dans le premier mérithalle ». « L’arrachage des bourgeons, par exemple avec des lanières, est mauvais », confirme plus tard Pascal Lecomte, chercheur à l’Institut National de la Recherche pour l'Agriculture et l'Environnement (INRAE). « Avec une taille vertueuse, le cône de dessication s’installe sur plusieurs mois voire plus d’un an, détaille Laurence Geny-Denis. D’après des recherches en cours, les pathogènes auraient plus de mal à s’installer que la nécrose est lente. Si le chicot ne gêne pas, par principe de précaution, il vaut mieux le laisser, car la dessication n’est peut-être pas terminée. Si c’est le cas et qu’on le retire, le cône va aller encore plus en profondeur ».

Quant aux jeunes plants, il est également conseillé d’appliquer les bonnes pratiques en respect des flux de sève. « La plante ne répond pas de la même façon en fonction de son âge, nuance Laurence Geny-Denis. Il y a aussi un travail en cours dans le plan de dépérissement sur ce sujet. Plus la vigne est jeune, plus elle répond favorablement à la taille vertueuse. Sur le travail en vert, les résultats ne sont pas encore très clairs ».

Le vers est dans le fruit

Attention à la forme « tronc » ! Dans son exposé sur l’impact du mode de conduite et de taille sur l’esca, Pascal Lecomte affirme tout net qu’« il faudrait proscrire cette forme dans les appellations. C’est une catastrophe pour plusieurs cépages, comme par exemple le sauvignon blanc. Les formes très taillées sont une prédisposition au développement de l’esca ». Il précise aussi une avancée actuelle sur la redéfinition des symptômes : « le désordre ou les anomalies vasculaires apparaissent en même temps que les symptômes foliaires. L’hypothèse qui est en train d’être étudiée est même qu’ils apparaitraient avant les symptômes foliaires. Ce serait dû à des mycéliums qui s’installent, se développent et bouchent les flux ».

Moins on taille, mieux c’est

Toujours l’avantage aux bras longs. Dans les résultats de 4 études qu’il détaille, Pascal Lecomte décrit que plus la distance entre l’infection et le tronc est grande, moins rapide est le dépérissement. « Moins on taille, mieux c’est » dit-il encore. Pour lui, la taille en Guyot Poussard fait largement ses preuves, ce dès la plantation. « Les densités / ha minimales données dans les cahiers des charges est très dangereuse, poursuit-il. Cela incite de passer de Guyot double à simple, c’est catastrophique ». Quant à la question de viticulteurs sur l’action à faire sur des pieds touchés, Pascal Lecomte répond : « il n’y a pas beaucoup d’études qui montrent la présence de l’esca dans la barrière du porte-greffe. Il y a des résultats spectaculaires de re-greffage. Si on peut préserver le porte-greffe, tant mieux » dit-il encore. Il complète en précisant qu’en curatif, « le curetage dès les premiers symptômes marche très bien. Nous sommes en train d’écrire une publication avec comme résultat 85 % de réussite ! Pour moi, la complantation n’est pas une bonne solution car vous n’avez pas le temps à consacrer pour le faire de façon très qualitative comme en arboriculture. Enfin, sur le recépage systématique préventif, on a encore peu de recul. Mais à priori ça fonctionne, des résultats seront bientôt donnés ».

Du radical qui pourrait être nécessaire, loin de la méthode douce.



 

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