aël Delorme, de la Chambre d’Agriculture du Jura est inquiet. Cette année, il a noté une explosion des symptômes de jaunisses dans le vignoble, principalement sur le chardonnay. « Ce qui est marquant, c’est que nous avons des taux de symptômes importants dans les jeunes vignes. Dans des parcelles en quatrième ou cinquième feuille, plus d’un pied sur deux sont jaunissants. Les contaminations sont très importantes, sans que l’on puisse les expliquer. Nous sommes dans l’attente des résultats d’analyses pour savoir s’il s’agit de flavescence dorée ou pas. Mais je pense que dans la majorité des cas il s’agit de bois noir. », explique-t-il.
Céline Abidon, de l’Institut Français de la Vigne et du Vin d'Alsace confirme que les symptômes de bois noir progressent d’année en année dans les vignobles septentrionaux (Alsace, Champagne, Bourgogne et Jura) mais aussi dans le Bordelais. « Sa gestion devient une priorité pour les professionnels », explique-t-elle. Et ce, pour plusieurs raisons. Le bois noir dû au phytoplasme du stolbur, provoque des pertes directes de rendement, car les pieds malades sont infertiles.
Le chardonnay et l’auxerrois y sont particulièrement sensibles. « Sur ces cépages, on peut vite arriver à de forts taux de bois noir », observe Céline Abidon. Or l’arrachage des pieds malades représente un coût très important pour les vignerons et, dans certains cas, le nombre de pied concernés est tellement important, que le vigneron ne peut plus en supporter le coût. Autre problème du bois noir : les symptômes visuels qu’il provoque sont les mêmes que ceux de la flavescence dorée. Seul un diagnostic moléculaire (analyse génétique par PCR) permet de les distinguer. « Cela augmente considérablement le coût des prospections pour les professionnels et les cas de flavescence dorée sont noyés dans la masse », indique Céline Abidon.
« Les professionnels sont donc en attente de nouveaux travaux de recherche sur le sujet. Les Instituts techniques en lien avec les interprofessions et les instituts de recherche sont actuellement en train de se coordonner pour monter des projets sur cette problématique », poursuit la technicienne.
En attendant, les techniciens invitent les vignerons à mettre en place certaines pratiques pour limiter l’extension du bois noir.
En Alsace, l’IFV rappelle ainsi qu’il ne faut surtout pas détruire l’ortie ou le liseron, les plantes hôtes de Hyalesthes obsoletus le vecteur du bois noir entre juin et août, au moment du vol du vecteur sinon celui-ci va se réfugier sur les vignes et les contaminer. L’IFV recommande plutôt de le faire à l’automne avant que le vecteur ne s’enterre ou au début du printemps (au plus tard six semaines avant le début du vol). L’Institut met aussi en avant l’intérêt du travail du sol, notamment le labour avant l’hiver, « qui en exposant les larves au froid va les tuer ». De même l’enherbement des parcelles attirera moins l’insecte en permettant la dissimulation des plantes hôtes qui seront mélangées à d’autres espèces.
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