Pour produire un litre de moût il faut entre 250 et 350 litres d’eau au vignoble de débourrement à vendange » rappellent Anne Pellegrino et Alain Deloire, professeurs à l’institut Agro de Montpellier.
Ils précisent que ce calcul est basé sur l’évapotranspiration potentielle (ETp), résultant des données climatiques (rayonnement, déficit de saturation de l’air, vent), et de coefficients intégrant les spécificités de transpiration de la vigne en termes de surface transpirante (coefficient cultural, kc) et de régulation stomatique (coefficient de stress, ks).
« Pour pouvoir l'adapter à une région viticole ou un vignoble, il faut disposer des données d’ETp cumulées par stade phénologique (débourrement-floraison ; Floraison/nouaison-véraison (ramollissement du fruit); véraison-vendange » poursuivent-ils.
Prenant l’hypothèse d’un vignoble planté à 5000 pieds par hectare, à deux mètres entre rangs et un mètre sur le rang, et conduit en espalier sur un mètre de hauteur, produisant en moyenne de 80 hectolitres/hectare de moût, ils estiment le besoin d’eau par cycle cultural à 2 400 000 litres d’eau/hectare. « Du débourrement aux vendanges, les besoins en eau par pied sont donc de 2400000/5000, soit 480 litres ».
Pour bien gérer l’irrigation, les professeurs rappellent en outre la nécessité de prendre en compte le niveau de remplissage de la réserve utile du sol au débourrement, le cumul de pluie sur le cycle de la vigne et leur répartition/distribution par stades phénologiques, le coefficient cultural (kc) et les périodes de déficit hydriques potentiellement ciblées (ks).
« Le coefficient cultural peut être approximé en divisant la hauteur de la haie foliaire (H) moyenne par l’écartement entre rangs (E), soit, dans ce cas kc = 0,5. Si l’on considère que l’ETp journalière est de 5 mm/jour pendant 45 jours, de la véraison à la vendange, et que la valeur de kc sur cette période est de 0,5, la transpiration maximale cumulée (Tm) de la vigne peut alors être calculée comme suit : Tm= 45 jours x 5 mm / jour x 0.45 = 101 mm ».
Les professeurs expliquent ensuite qu’il est appliqué un coefficient de stress (ks) de 0,5 en irrigation de précision. « A ce titre, la transpiration réelle cumulée (Tr) de la vigne peut alors être calculée comme suit : Tr= Tm x 0.5 = 51 mm, soit 510 m3/ha ou 510 000 litres/ha ou 510000 litres/5000 ceps, soit un besoin potentiel de 2,25 litres par cep/jour ».