À exécution immédiate (sans que l’appel en cours soit suspensif), la lourde condamnation de l’association Alerte Aux Toxiques (AAT) et sa porte-parole, Valérie Murat, commence à être réglée financièrement. Condamnées solidairement à 125 000 euros d’amende au profit de 26 plaignants* par la chambre civile du tribunal judiciaire de Libourne ce 25 février, l’association et sa porte-parole sont sanctionnées pour dénigrement dans leurs communications du 15 septembre 2020, qui dénonçaient la présence de 28 résidus phytos détectés dans 22 vins, essentiellement de Bordeaux et certifiés Haute Valeur Environnementale (HVE). Attaquant l’association et sa porte-parole pour dénigrement, le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB) a obtenu une condamnation de 100 000 € à son profit.
« L’association et moi avons commencé à payer nos adversaires qui se sont signalés depuis le mois d’avril. Chaque 15 du mois leurs sont versés 800 euros, en tout, depuis le compte d’AAT et depuis le mien » indique Valérie Murat à Vitisphere. Qui ajoute que ces virements auront lieu jusqu’à l’appel, dont les dates ne sont pas connues. Malgré cette condamnation, celle qui se définit comme une activiste reste mobilisée dans son combat contre les pesticides de synthèse.


« Je me plie à la décision de justice qui a été ordonnée, néanmoins, je ne me considère pas coupable de ce dont je suis accusée, car je n’ai fait qu’informer sur l’utilisation de pesticides parmi les plus dangereux pour produire des vins HVE. Informer n’est pas dénigrer ! » martèle Valérie Murat, pour qui « on ne bâillonne que la bouche d’où sort la vérité. Nous sommes répertoriées au sein de l’ONG case SLAPP, qui liste tous les procès bâillons, comme la plus lourde condamnation de lanceur d’alerte en Europe avec cette décision inédite. »
S’étant tue ces derniers mois, Valérie Murat n’est pas restée inactive, suivant au plus près les dernières décisions du Conseil d’État concernant les traitements phytos (« une victoire pour la protection des petites mains, oubliées ») et préparant un deuxième semestre médiatique (reprise d’interviews, reportages et conférences).
* : À l’attaque initiale du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB) s’ajoutent celles de trois fédérations : la section Nouvelle-Aquitaine de la Fédération des Coopératives de France, la Fédération des Grands Vins de Bordeaux (FGVB) et la Fédération des Négociants de Bordeaux et Libourne (Bordeaux Négoce). Onze syndicats viticoles se sont également déclarés : les AOC Bordeaux et Bordeaux Supérieur, Côtes de Bourg, Entre-deux-Mers, Graves et Graves Supérieures, Margaux, Médoc, Haut-Médoc et Listrac-Médoc, Pessac-Léognan, Saint-Julien, Saint-Emilion, Saint-Emilion Grand Cru et Lussac-Saint-Emilion, Sauternes et Barsac, et enfin l’Union des Côtes de Bordeaux (UCB). Dix domaines étaient représentés à l’audience : la S.C.E.A. Vignobles Vincent, la société civile Château Fonréaud, la société civile d’exploitation Dominique Haverlan, la SCF Château Vieux Cassan, la S.C.E.A. Vignobles Grandeau, l’EARL Eynard Sudre, la SAS Coubris JLC, le GAEC reconnu de l’Enclos, la S.C.E.A. des Vignobles Jean-Marie Carrille, l’EARL Jullion. Un négociant intervient également, la SA Maison Sichel.