estant maussade pour une grande partie du vignoble français, avec une forte pression mildiou et oïdium, la météo reste au beau fixe dans le Sud, et notamment en Provence. Ce qui soutient la présence touristique, et les ventes aux caveaux, mais pèse sur les réserves hydriques du vignoble. « C’est le même cycle depuis quelques années. Il pleut jusqu’en mai, et de juin aux vendanges, il n’y a plus une goutte d’eau » résume Éric Pastorino, le président du Comité Interprofessionnel du Vin de Provence (CIVP).
Ayant déjà connu des étés secs, Agnès Cade, château de la Noblesse (10 hectares à Bandol, dans le Var), témoigne de vignes commençant à fatiguer : « le feuillage jaunit et flétrit, avec de premières feuilles marrons. Nous commençons à couper des grappes pour que décharger les vignes (notamment les jeunes ceps, pour qu’ils soient charpentés) » explique la vigneronne, qui a été épargnée par le gel de printemps et témoigne d’un état sanitaire très correct sur son terroir argileux.
Alors que la véraison débute dans les côtes de Provence, le stress hydrique s’installe toujours plus fortement. Avec la déception pour les vignerons qu’il n’y ait pas eu les traditionnelles pluies du 14 juillet, mais avec l’espoir qu’arrivent les pluies du 15 août pour donner du jus lors des vendanges. « 10 mm d’eau sont tombés depuis mai, c’est trop peu » souligne Victoire Le Dorze, du domaine Bonnisson (10 hectares en Coteaux Aix-En-Provence à Rognes, Bouches du Rhône). Se préparant à des vendanges en vert, la vigneronne rapporte sa chance d’avoir des vignes épargnées par la sécheresse sur son terroir limono-calcaire.
« Nous avons une emprise racinaire très profonde, grâce à notre travail du sol : labour au cheval (par un prestataire pour le cavaillonage et le décavaillonnage au pied des vignes) et tracteur pour l’inter-rang (avec enherbement un rang sur deux) » estime Victoire Le Dorze, qui indique pour recourir au goutte à goutte si besoin. « Ce serait bien d’avoir une petite pluie, 25 mm, d’ici les vendanges, mais pas trop violente, pour éviter la grêle et des inondations » résume la vigneronne.


A l’exception de Bandol, toutes les AOC de Provence ont demandé et obtenu une autorisation d’irrigation pour faire face à la sécheresse actuelle. Et pour « ne pas attendre que cela soit trop sec et ne pas avoir à arroser intensivement » explique Éric Pastorino, qui souligne que le changement climatique concerne tout le vignoble français. « Toutes les régions s’intéressent au sujet lors des réunions de l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO) et de la Confédération Nationale des Vins AOC (CNAOC) » souligne le viticulteur du Var (adhérent à la cave coopérative des vignerons de Gonfaron).
En matière de rendements, le millésime 2021 s’annonce très hétérogène, entre les vignobles touchés par le gel et les parcelles de grenache victimes de coulure.