éduire de 75 % l’Indice de Fréquence des Traitements (IFT) hors biocontrôle et arrêter les herbicides chimiques, tout en obtenant un bon rendement et une qualité de raisin satisfaisante ? C’est le défi que se sont lancé les partenaires du projet Dephy BEE, pour « Biocontrôle et Equilibre et l’Ecosystème » vigne.
« Depuis 2018 et jusqu’à 2023, nous travaillons sur des itinéraires techniques globaux, de la taille de la vigne jusqu’à la récolte » a détaillé Xavier Burgun, chef du projet et ingénieur du pôle Charentes-Cognac de l’Institut Français de la VIgne et du Vin (IFV), lors d’un webinaire sur le biocontrôle ce 27 avril.
Les techniciens comparent des témoins non traités, des vignes conduites de manière classique, et des vignes conduites selon le dispositif « BEE », dans de grandes parcelles partagées en bandes à Juillac-Le-Coq (16) sur de l’ugni blanc, à Saint-Estèphe (33) sur du merlot, à Chinon (37) sur du cabernet franc, à Nîmes (30) sur de la syrah, et à Wintzenheim (68) sur du pinot blanc.


En amont des traitements, les partenaires cherchent à favoriser la biodiversité, à gérer les sols et mettent en place des mesures prophylactiques pour diminuer la pression des bioagresseurs et faciliter la pénétration des produits. « Nous avons également mis en place une fertilisation des sols favorable au développement des défenses naturelles » explique Xavier Burgun.
14 à 21 jours avant les premières contaminations au mildiou, ils appliquent un premier stimulateur de défense des plantes (SDP) le plus souvent à base de Cos-Oga, et parfois de cerevisiane. « Dès les premiers symptômes nous utilisons de l’huile essentielle d’orange douce et/ou des phosphonates à la dose Optisdose » poursuit Xavier Bourgun. Quand la pression est moyenne ou forte, les techniciens se permettent aussi d’utiliser 300 à 600 g de cuivre métal.
Pour lutter contre l’oïdium, ils n’utilisent aucun produit quand la pression est très faible, se contentant d’effeuiller la vigne sur la face ensoleillée l’après-midi. « Quand la pression est faible, nous appliquons un SDP en pré-floraison. Quand elle est moyenne, nous y associons de l’huile essentielle d’orange douce lorsque le temps est sec ou du bicarbonate de potassium en conditions pluvieuses ».
A la floraison, ils appliquent systématiquement du soufre. « Nous recommençons après la floraison de manière optidosée quand la pression est très forte » précise Xavier Burgun.
De 2018 à 2020, 9 à 10 applications de produits phytosanitaires ont été réalisées dans les deux modalités, « avec une hausse des produits de biocontrôle de 162 % et une baisse de 72 % de l’IFT hors biocontrôle dans la modalité BEE par rapport à l’itinéraire classique, dans le cuivre est davantage utilisé » témoigne le chef de projet. Dans la modalité BEE, une moyenne de 2 kgs de cuivre métal est utilisé par hectare chaque année.
Sur le feuillage, les techniciens ont vu très peu d’écarts de dégâts de mildiou entre les deux itinéraires. Ils sont un peu plus importants sur les grappes. Ils ont observé l’inverse dans le cas de pression oïdium très élevée. « Mais même dans ce cas, nous sommes toujours restés en dessous de 5% d’intensité sur grappes » ajoute Xavier Bourgun.


En moyenne, ils ont constaté une baisse de 20 % de rendement, « liée au mildiou, à l’arrêt des herbicides, à la fertilisation ou à la prophylaxie ».
Etant donné les perspectives de pertes en rendement et des coûts de production plus élevés, un volet du projet va également être consacré à évaluer les débouchés commerciaux possibles pour ces vins. Les partenaires recherchent également des produits de biocontrôle efficaces contre le black-rot.