uentin Chaperon, directeur du Sourcing et des Relations Châteaux au sein de la société de négoce U’Wine (500 000 cols en stock) enchaine les dégustations en cette période de primeurs à Bordeaux. D’ici la fin du mois, il aura gouté pas moins de 500 à 600 vins.
« Je ne retrouve pas partout la fraicheur du millésime 2019, mais c’est un beau millésime 2020 mûr, équilibré » indique til. Au final, il sélectionnera 80 propriétés sur les 300 qui sortent en primeur à Bordeaux.


Reste des interrogations liées notamment à la pandémie qui fait que dans nombre de pays les CHR sont fermés, sans compter l’épisode de gel de ces derniers jours. « Face à la problématique du gel, la tentation de certains peut être grande que de vouloir pratiquer une forte hausse de prix. Comme cela s’était passé lors du gel de 2017. Ce n’est pas un bon calcul, répète-il. Et de marteler : Il faut que les propriétés restent cohérentes avec les prix pratiqués l’an dernier ou du moins affichent une légère hausse. Les baisses notables sur le millésime 2019 avaient permis à Bordeaux de retrouver des marchés et de donner une nouvelle appétence pour les primeurs ». Rien n’est moins sûr.
Marie-Hélène Levêque, à la tête du château Chantegrive, 80 ha, AOC Graves, s’interroge : « L’an dernier, nous avions baissé nos prix de sortie de 8,8% pour nos blancs et de 8% pour nos rouges. Pour ce millésime 2020, on va sans doute être obligé de les augmenter compte tenu de nos prix de revient. Il faut espérer que le marché accepte et soit au rendez-vous. En quatre ans, nous avons subi le gel, le mildiou, la sècheresse. Nous faisons 30 hectos/ha contre 45 hectos/ha quand la récolte est normale ».
La propriété vend en primeur 150 000 bouteilles (Chantegrive rouge et cuvée caroline (blanc) sur un global de 550 000 cols commercialisés en grandes surfaces, CHR, export et particuliers. Seule certitude pour Marie-Hélène Levêque : se positionner rapidement dans le peloton de tête des marques qui donneront le « la » en termes de prix.