e sont les vignerons de Bourgogne, du Beaujolais, de Savoie, de la Vallée du Rhône et du Sud de la France qui ont passé la plus mauvaise nuit, du 7 au 8 avril.
Dans le Rhône, « tout le monde s’est mobilisé en brûlant de la paille ou en allumant des bougies. Les vignerons de l’Hermitage ont également fait décoller des hélicos. Hormis Tavel et Lirac, aucun vignoble n’est passé à côté du gel, alors que nous avions jusqu’alors été épargnés, notamment grâce au mistral » regrette Tristan Perchoc, consultant pour la vallée du Rhône à l’Institut Coopératif de la Vigne et du Vin (ICV).
Le vent s’est calmé vers 2 heures du matin et les températures sont souvent descendues à -5 voire -6°C.


Un peu plus au sud, à Sainte-Cécile-les-Vignes (Vaucluse), il faisait même -9°C au lever du jour. Selon le consultant de l’ICV, les cépages qui ont le plus souffert sont le viognier, le muscat, le bourboulenc, le grenache, et quelques syrahs précoces.
En Provence, son collègue Jean Andrès n’a pas de meilleures nouvelles. « Je suis en tournée à Martigues, dans les Bouches-du-Rhône, et je vois des bourgeons bruns et tous mous. Il n’y a que sur la bande littorale varoise que la casse a été limitée. A La Londe-Les-Maures, on a flirté avec les zéros. En remontant vers le Golfe de Saint-Tropez on a eu du -1 voire -2°C, et quelques petites gouttes » relate-t-il.
Le gel a été plus sévère dans les terres. Au centre du Var, vers Le Luc ou Brignoles, les thermomètres sont descendus jusqu’à -4°C. « Il a fait -5 à -7°C à Saint-Maximin-la-Sainte-Baume et Rians, et nous avons eu un pic à -9°C à Correns » détaille le consultant.
La vigne avait une semaine de retard sur 2020, un millésime d’une précocité record. « A La Londe-Les-Maures ou dans le Golfe, le grenache et le tibouren en étaient déjà au stade boutons floraux agglomérés. Vers Gonfaron, nous étions à trois feuilles étalées, et vers Le Luc, à l’éclatement des bourgeons ». Jean Andrès prédit les plus gros dégâts au centre et à l’Est du Var, dans des zones où la moitié de la récolte avait déjà été perdue l’année dernière.
Dans le Gard, au caveau d’Héraclès, le directeur Frédéric Saccoman et son président Jean-Fred Coste sont dépités. « Il a fait entre -3 et -7°C pendant au moins 3 heures sur nos 1 100 hectares, et le vent est complètement tombé à partir de 4h du matin. Nous allons voir les bourgeons noircir dans les 24 à 48h mais je pense que nous avons perdu la moitié de la récolte » indique le président.
Tous les cépages étaient très en avance. « Tout était sorti, même chez les viticulteurs qui avaient taillé tardivement ». Le gel a également sévi plus au sud, dans les sables et la zone d’Aigues-Mortes.


« J’ai commencé ma tournée héraultaise vers Agde et Florensac, et je ne m’attendais pas à voir autant de dégâts » indique quant à lui Jacques Rousseau, à l’ICV. « Je vais remonter vers Clermont-L’Hérault et le Pic Saint Loup, et je sais que ça va être pire, -4°C y ont été enregistrés. » Le directeur des services viticoles a reçu nombre d’appels. « Il y a des dégâts dans tout le département, même à Béziers, et des vignes où tous les bourgeons sont touchés ».
L’Aude, et particulièrement les Corbières, le Minervois et Limoux rejoignent la longue liste des vignobles sinistrés par le gel. Autour de Lézignan-Corbières, des parcelles seraient détruites à 90 voire 100 %. Seules certaines zones du littoral, comme Fitou ont été épargnées.
Les températures ont étrangement été plus clémentes dans les Pyrénées-Orientales. « Seuls les endroits gélifs comme la Vallée de l’Agly ont connu des températures négatives, jusqu’à -5°C, ce que la météo n’avait pas prévu » relate Laurent Duret, consultant à l’ICV. « Certains vignerons m’ont dit que leurs vignes avaient subi de gros dégâts, mais globalement nous ne nous en sortons pas si mal ».
L’Alsace a également été relativement « chanceuse ». « Il y a des dégâts sur les parcelles les plus précoces mais ce n’est pas la catastrophe à l’échelle du vignoble » estime Marie-Noël Lauer, conseillère viticole à la Chambre d’agriculture. « Nous avons connu des températures négatives de lundi à mercredi, autour de -1/-2°C, avec un record à -5°C ».
La conseillère a reçu peu d’appels de viticulteurs affolés. « Et la vigne n’était pas très en avance, en moyenne au stade pointe verte ».