omment tirer le meilleur parti du changement climatique ? S’il a des impacts positifs sur la maturation des raisins et la qualité de vins, le phénomène entraîne des conséquences négatives en chaîne : débourrement plus précoce, sécheresse, stress hydrique... Mais aussi « une diminution de la résilience de la vigne, une accélération de ses cycles de développement, des chantiers de taille et de travaux en vert à organiser sur des périodes plus courtes, une sensibilité accrue des moûts à l’oxydation etc. » indique Mélissa Merdy. Cette conseillère viticole à la chambre d’agriculture d’Indre-et-Loire participe au projet Climenvi, coordonné par la chambre du Loir-et-Cher, avec l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV), Météo France et l’université de Tours, afin d'aider les vignerons à prendre les bonnes décisions.
L’équipe de Climenvi a établi des projections climatiques sur trois sites pilotes : près de Chinon, à Meusnes (Loir-etCher), et près de Sancerre. « A Meusnes, la température moyenne annuelle se rapprochera de celle du Bordelais d’ici 2050, et de celle du Sud de la France d’ici 2100. Le débourrement pourrait débuter, dans le pire des scénarios, à la fin février en 2100, avec donc un risque accru de gel », avance Christophe Beaujouan, de la chambre d’agriculture du Loir-et-Cher.
« Nous avons implanté des éoliennes contre le gel, choisi des porte-greffes résistants à la sécheresse, mis en place des couverts végétaux, des vendanges de nuit », explique Benoit Cadart, vigneron à Meusnes sur l’une des exploitations pilotes de Climenvi. D’autres testent des rognages plus larges contre les grillures, plantent selon une orientation différente. « On peut s’adapter, mais il faut pouvoir investir pour l’isolation des chais, le travail du sol etc. Un autre frein est le temps que prendra l’évolution des cahiers des charges d’AOC, sur de nouveaux terroirs et cépages », relève Benoit Cadart. « Des vignerons n’envisagent pas de délocaliser des vignes hors des secteurs en AOC » constate Michel Badier, coordinateur de Climenvi à la chambre d’agriculture du Loir-et-Cher.
Isabelle La Jeunesse, géographe à l’université de Tours, pointe également des freins scientifiques (quid de la prévisibilité des événements climatiques extrêmes ?) et sociaux (quelle sera l’acceptabilité des consommateurs face aux degrés d’alcool élevés, à l’évolution de la typicité des vins ?). « Les adaptations devront aussi être compatibles avec une limitation des gaz à effets de serre (GES) », ajoute Michel Badier, qui va accompagner vingt vignerons sur le label Bas-Carbone. Les experts du projet Climenvi livreront prochainement tous les résultats de leurs travaux sur les impacts du changement climatique et les solutions d’adaptation, avec des éléments de coûts et d’émissions de GES. Ils ont prévu des livrets, des formations, des webinaires, et une application d'aide à la décision (OAD).
Les experts du projet Climenvi livreront prochainement les résultats de leurs travaux sur des solutions d’adaptation, avec des éléments de coûts et d’émissions de GES.