Quand je m'examine, je m'inquiète. Quand je me compare, je me rassure » disait Talleyrand. Avec une baisse de 6 % de leurs sorties de chais en 2020 (pour 1 million d’hectolitres), les rosés de Provence ne sont pas satisfaits par leur bilan de l’année covid, mais ils ont dû mal à se plaindre face aux fortes chutes enregistrées par d’autres bassins viticoles (comme -20 % en Champagne). « Sans permettre de rattraper le retard de commercialisation [lié aux pertes en restauration], les exportations sont reparties (+2 % en novembre 2020) et les chiffres de la grande distribution sont bons (+2 %) » résume Jean-Jacques Bréban, le président du Conseil Interprofessionnel des Vins de Provence (CIVP).
Un stock de 150 000 hectolitres* du millésime 2019 se formant, le début de campagne est plus tranquille que par le passé. « Ce n’est pas dramatique d’avoir des stocks de rosé d’un ancien millésime (il y a toujours un marché, et certains vendent sans millésime). Cela permet de faire la soudure sans surchauffe avec la récolte 2020. On souffle après trois années de petites récoltes » estime Jean-Jacques Bréban, qui fait moins état d’une baisse d’activité que d’une prise de temps dans les achats. L’enjeu des opérateurs étant de ne pas acquérir de lots sans avoir de ventes assurées.


Si la reprise du marché américain est espérée dans le vignoble provençal, ses opérateurs espèrent que le retour des beaux jours au printemps-été 2021 s’accompagnera d’une accalmie dans la pandémie covid et d’une relance des ventes similaires à celle de l’été 2020, avec le déconfinement. Pour se tenir prêt, le CIVP maintient son enveloppe de 4,4 millions d’euros destiné à la communication et à la promotion sur les marchés français (2 millions €) et export (2,4 millions €). Un budget « volontariste » pour diversifier les réseaux commerciaux (hors USA, mais aussi restauration) explique Brice Eymard, le directeur du CIVP, qui souligne que « le niveau de commercialisation (sur lequel est basé nos cotisations, augmentée en 2020**) a été moins impacté que prévu initialement en 2020 et nous partons sur les mêmes hypothèses en 2021, le soutien de l’UE sur les programmes OCM pays tiers a augmenté (passage à 60% de cofinancement) et également le soutien de la région Sud ».
Même sans salons traditionnels et évènements physiques, « on ne lève pas le pied, on continue pour garder des parts de marchés. A l’export avec beaucoup de digital et des dégustations par visioconférence. En France, on continue à travailler avec la grande distribution pour animer et être présent dès le retour des beaux jours » détaille Jean-Jacques Bréban. Espérant une réouverture prochaine des restaurants locaux, le président du CIVP souligne que cette nouvelle année reste sous le signe de toutes les incertitudes sanitaires.
* : De l’ordre de 110 000 hl en Côtes de Provence, 24 000 pour les Coteaux d’Aix et 17 000 hl pour les Coteaux Varois rapport Jean-Jacques Bréban.
** : En 2019, le budget de promotion du CIVP était de 3,3 millions €.