Dominique Tourneix : Comme vous le dîtes, la période actuelle est trop incertaine pour prédire l’avenir. Nous ne savons pas à quelle sauce on va être mangé. Ce débat ne concerne pas que la France, les difficultés sont européennes et mondiales. 75 % de l’activité d’Oeneo à l’export. Nous dépendons de toutes les régions viticoles mondiales.
Les mois d’avril à juin 2020 ont été éprouvants, les chiffres d’affaires ont baissé pour l’ensemble des sociétés (bouchage avec Diam et la gamme Pietec, élevage avec Seguin Moreau et conseil avec Vivelys). Le troisième trimestre a montré un certain niveau de récupération. Mais il y a globalement un recul. Nous avons plutôt bien résisté, mais il y a beaucoup d’incertitudes aujourd’hui.
Comme chef d'entreprise, quelle stratégie adoptez-vous : l’attentisme en réduisant les dépenses jusqu’au retour à la normale ou le développement sur toutes les opportunités pouvant se présenter ?
Il faut allier les deux, en adaptant son organisation du travail et en réduisant au maximum les dépenses. Afin de garder suffisamment d’agilité pour répondre rapidement aux demandes. Dans l’activité de bouchage, quand la demande est repartie, c’était très rapide. Les délais étaient courts et les quantités réduites. Pour l’élevage, il s’agit d’investissements de longs termes, certains secteurs ont bien fonctionné. Comme Cognac qui stocke.
Il faut faire preuve de résilience et d’agilité. Et garder à l’esprit que quand les affaires repartiront, les marchés auront évolué, de manière favorable ou défavorable. Il est difficile de prédire les comportements des consommateurs de demain, mais il faut imaginer les futurs possibles. Nous sentons bien que les considérations sur l’impact environnemental vont prendre plus d’importance. Je suis très confiant pour Oeneo, qui est présent sur des segments bien perçus en la matière.
Les salons techniques étant annulés pour la fin 2020, est-il illusoire d’espérer vendre des bouchons et tonneaux par visioconférence, sur Zoom ou Teams ?
Il est envisageable d’organiser des conférences avec les clients pour expliquer nos gammes et se répondre à des demandes. Cela peut permettre de prolonger la vente, mais je ne crois pas que 100 % des ventes se concrétiseront ainsi.
C’est dans la contrainte que l’on est créatif. L’annulation des salons fait réfléchir à de nouvelles actions pour exister et se faire entendre. Avec l’empêchement de se déplacer, de nouveaux outils nous permettent de faire des choses que nous n’imaginions pas il y a dix ans. Nous sommes obligés de réfléchir à de nouveaux formats et d’utiliser de manière importante les outils internet. Nous pouvons envisager des conférences techniques où les dégustations sont permises par l’envoi de bouteilles à chaque participant. Ça a un coût, mais cela reste compétitif par rapport à une réception classique.
Comment affecterez-vous ces économies ?
Les dépenses en moins permettent de sauvegarder le résultat opérationnel. Mais le chiffre d’affaires qui n’est pas réalisé est perdu définitivement. Il y a peu de rattrapage. Les volumes de vin distillés ne seront jamais mis en bouteille, ils sont perdus.