Laïd Hafssa : EtOH fait référence à l’abréviation de l’éthanol. C’est une façon de concilier notre origine et nos ambitions. Outre le secteur du vin, nous étendons notre expertise aux spiritueux et à la bière. La filière vin est très liée à la bière. On assiste à des diversifications d‘opérateurs dans le vin qui vont vers la bière. En témoigne Bernard Magrez qui se positionne sur une bière artisanale.
EtOH accompagne viticulteurs, cavistes, fournisseurs dans la transformation digitale. Quel est l’état des lieux ?
Il est très hétérogène. Les vignerons, les cavistes parlent du numérique, ont des sites web, des outils de gestion, parfois des ERP, mais ça va rarement plus loin. Ils comprennent qu’il y a un virage inéluctable. La transformation digitale est un mal nécessaire pour les viticulteurs. Il y a une vraie volonté à aller dans le digital mais ils ne savent pas comment faire. Les raisons sont simples : d’une part la filière est très morcelée, d’autre part les outils proposés font référence à de la viticulture de précision (robots qui gèrent l’enherbement par exemple) qui nécessitent des investissements lourds.
Quels sont les efforts à accomplir ?
Il n’y a pas besoin de réinventer des choses. J’observe qu’il y a une sous valorisation des données. Elles existent mais il faut les exploiter. Ainsi, le viticulteur a rarement le feedback des consommateurs. Or pour le fidéliser il est essentiel de collecter de la donnée sur le client. Plus le viticulteur apportera des informations sur son vin, plus il nourrira le caviste ou le consommateur, plus il le connaitra, plus celui-ci fera un acte d’achat. Il faut créer un cercle vertueux d’infos entre celui qui produit et celui qui consomme.
De même il s’agit d’avoir de l’interopérabilité entre les outils. Le viticulteur dispose d’un site web, d’outils d’aide à la décision (météo, traitement phytos), d’une base de données clients. Or ces outils ne sont pas compatibles entre eux. Un caviste a un outil de gestion de sa cave, un site de vente. Les deux ne sont pas compatibles. Nous essayons de faire le mouton à cinq pattes. EtOH crée des hubs entre les différents outils.
Quels sont vos objectifs stratégiques à moyen terme ?
Apres avoir lancé Geovinum, sorte de google map du vin, puis Provinum, un catalogue interactif qui valorise la bouteille et le travail du vigneron, nous lançons « Sommelier", une carte des vins interactive, une application qui complète le rôle du sommelier dans un restaurant sur les questionnements et les assortiments mets et vins.
De même nous proposons depuis ce mois-ci, un accompagnement des viticulteurs en termes de communication et de marketing. Il s’agit d’un abonnement mensuel à EtOH Agency, qui donne accès à nos équipes lesquelles interviennent dans la mise en place d’une charte graphique, une campagne e-marketing, un logo, un site web etc...
Enfin nous sommes en train de créer une plateforme de formation au digital avec le cluster Vinseo, fournisseur de la filière viticole, et des structures de formation telles que Sup Agro qui sera opérationnelle en 2021.