Baisse des IFT

Raisonner ensemble la fertilisation et la protection de la vigne

La pression mildiou a été exceptionnelle, c’était parfait pour cette dernière année d’essais » s’amuse Marie-Emmanuelle Saint-Macary, chargée de R&D chez Frayssinet.

Frayssinet a travaillé avec Jouffray-Drillaud et Promété sur la mise en place d’itinéraires techniques moins gourmands en produits phytosanitaires.

« Nous avons joué sur la nutrition de la plante et le positionnement du produit de biocontrôle Messager grâce à l’outil d’aide à la décision Agroclim développé par Promété » détaille Marie-Emmanuelle Saint-Macary.

Plusieurs enseignements peuvent être tirés des essais que ce groupe a conduits dans des vignes audoises pendant trois campagnes, dont les modalités et résultats sont détaillés en encadré.

« Les trois leviers sont complémentaires. Nous avons grandement amélioré l’efficacité de Messager en nourrissant bien la plante, au sol et par voie foliaire. La fertilisation azotée a renforcé la capacité d’autodéfense de la vigne » annonce d'abord la chargée de recherches.

Nourrir la vigne, pas le pathogène

Mais pour obtenir ce résultat, il fallait positionner la fertilisation au bon moment. « Il ne faut pas simplement regarder le stade de la vigne pour décider de la nourrir, il faut aussi tenir compte de la pression sanitaire » poursuit Marie-Emmanuelle Saint-Macary. « Si on apporte des acides aminés quand il y a une forte pression de mildiou ou d’oïdium, on va nourrir le pathogène de l’intérieur et avoir l’effet inverse à celui recherché. »

Il faut aussi tenir compte de la météo. « Par exemple, il faut de la pluie pour une bonne mise au sol de l’azote. » Il faut également avoir l’œil pour repérer les débuts de carences ou pertes de vigueur et apporter la bonne dose de fertilisants, « sans aller dans l’excès » insiste Marie-Emmanuelle Saint-Macary, qui préconise d’agir « petite dose par petite dose » mais ne s’aventure pas à donner de recommandations aux viticulteurs, « chaque parcelle et chaque cépage répondant différemment. »

En fertilisation de fond, l’azote organique, à libération lente, a donné de meilleurs résultats que les apports minéraux.

+60% de rendement

En jouant sur tous ces paramètres, et en ayant recours au soufre, les partenaires ont pu faire baisser les IFT (indice de fréquence de traitement) de près de moitié en améliorant la protection des grappes contre le mildiou.

Cerise sur le gâteau, les essais ont aussi mis en évidence un gros gain de vendange. « En 2019, la nutrition et la biostimulation combinées ont permis de rentrer 60% de raisin en plus. Nous allons voir ce que ça va donner cette année. »