Grands crus de Bordeaux

Les primeurs miraculés pour 2019, mais pas encore sauvés pour l’avenir

chevée cette fin juin, la campagne des primeurs 2019 des grands vins de Bordeaux a déjoué tous les pronostics. Alors que la semaine des primeurs n’a pu se tenir début avril dans les propriétés, pandémie oblige, l’absence de dégustations et de rencontres en présentiel a été compensée par des envois d’échantillons dans le monde entier et par un rythme concentré de mises en marché, porté par des baisses de prix souvent notables. Loin de marquer l’arrêt des ventes en primeurs des grands crus et assimilés, « le coronavirus semble, contre intuitivement, avoir mis du vent dans les voiles de Bordeaux, poussant les prix en primeur vers le bas, et ainsi permettant à la campagne de connaître un engouement général » indique la dernière étude de l’agence Wine Lister.

Alors que l’agrégation des notes de dégustation témoigne de la qualité du millésime 2019 (en moyenne 4 à 5 points de plus que les réputés 2015 et 2016), les prix de ces primeurs sont en net repli (-12 % par rapport à 2018, -22 % par rapport à 2015 et -9 % comparé à 2016). Ce geste a relancé la demande et l’intérêt pour les primeurs, tandis que les incertitudes pèsent sur le marché mondial des vins (taxes américaines, Brexit, conjoncture économique, évolution de la pandémie…). Face aux demandes de baisse de 20 à 30 % des prix, « la stratégie de fixation des prix n’est pas uniforme » note Wine Lister, qui souligne les gestes forts des châteaux Lafleur, les Carmes Haut-Brion, Rauzan-Ségla, La Mondotte, Calon Ségur, Palmer et Mouton-Rothschild.

Minorité

Si la campagne est dans son ensemble « relativement réussie », les analystes britanniques soulignent qu’« il n’y a qu’une poignée de vins à connaître une vraie demande jusqu’au bout » souligne le rapport de Wine Lister, précisant que « ce sont les mêmes qui établissent un prix de sortie attractif et qui réussissent d’une année sur l’autre. Seul le temps nous dira si cette minorité peut renverser les fortunes de Bordeaux en général. » Comme le rappelle Wine Lister, les acheteurs de primeurs n’ont plus enregistré de plus-value notable entre primeurs et livrables depuis 2011.