Non à la régulation de l'offre et de la demande pour les vins bio et conventionnels ! » s’insurge le syndicat Agrobio Gironde dans une lettre envoyée à l’Organisme de Défense et de Gestion de l’appellation Bordeaux concernant la baisse des rendements de l’AOC Bordeaux rouge pour la prochaine vendange. Acté ce 22 juin par la Fédération des Grands Vins de Bordeaux (FGVB), le plafonnement à 50 hectolitres par hectare du rendement 2020 marque une baisse de 10 % du potentiel de production par rapport à la précédente récolte (54 hl/ha). Du moins à condition pour les opérateurs de déclasser 10 % de leurs surfaces en vin de France. Sinon, le rendement 2020 sera fixé à 45 hl/ha, avec un blocage de six mois en réserve interprofessionnelle des 5 hl/ha additionnels.
« Ce raisonnement de réduction de l’offre pour répondre à un niveau de demande pénalise tous ceux qui vendent. Les vins bio ne rentrent pas dans ce cadre, leur demande est en croissance mais leur offre n’est pas suffisante » précise Sylvie Dulong, la secrétaire d'Agrobio Gironde. Son syndicat demande « donc instamment à ce que les vins Bio et en conversion soient sortis du dispositif envisagé (diminution de rendements/réserve interprofessionnelle) dont l’objectif est de réduire la demande ».


Ne souscrivant pas à la demande d’un traitement distinct pour les vins bio, le syndicat des Vignerons Bio de Nouvelle-Aquitaine (SVBNA), milite depuis auprès de l’ODG Bordeaux pour que d’autres solutions soient trouvées pour les opérateurs ayant des débouchés valorisés ou s’étant engagés dans des démarches environnementales, (certification HVE, adhésion au SME de Bordeaux, conversion bio et biodynamie…). « Jouer collectif, ce n’est pas refuser des marchés à ceux qui vendent parce que d’autres n’y arrivent pas » pose Laurent Cassy, le nouveau président du SVBNA, également administrateur du syndicat des Bordeaux. « Mettre tout le monde dans le même wagon pour réduire les rendements est une erreur. C’est en aidant ceux qui vendent bien que l’on peut relancer Bordeaux » estime le vigneron, appelant à une ambition et non un repli commercial des vins de Bordeaux.
« Il ne faut pas croire que tout le monde est en crise à Bordeaux » confirme Jacques Lurton, le président des vignobles André Lurton (regroupant une dizaine de domaines pour 600 hectares de vignes). En rupture de stocks pour ses vins blancs et rosés, Jacques Lurton se montre préoccupé mais pas inquiété par ses stocks de rouge, ne voulant pas de nouveaux bâtons dans ses roues. Pour lui, « la seule façon pour vendre, c’est de se différencier de la masse qui tire vers le bas ». Une approche commerciale de réponse à la demande et non de réduction de l’offre. « Il ne faut pas tirer tout le monde vers le bas. Une mesure de réduction des rendements donne l'impression de faire quelque chose, mais ce n'est pas adapté » conclut Sylvie Dulong.