ans un communiqué, la Fédération suisse des vignerons (FSV) explique, en effet, que « dans le cadre des mesures permettant de lutter contre la diminution des ventes de vins en lien avec la pandémie de coronavirus, une solution de branche a été trouvée afin de transformer une partie des stocks en solution hydroalcoolique en faveur des hôpitaux et autres postes sanitaires ». Chaque vigneron pourra faire distiller jusqu’à 3 000 litres de vins achetés au prix de 2,5 CHF (soit 2,38 euros) le litre. Les demandes sont centralisées par l’Association des groupements et organisations romands de l’Agriculture (Agora), qui « procédera au tri et à la priorisation des annonces en assurant un tournus des régions vitivinicoles et coordonnera la production de la solution hydroalcoolique ».
Une consommation en baisse de plus de 20% au cours des deux dernières décennies et une concurrence de plus en plus rude exercée par les vins étrangers, se sont soldés par des stocks importants. « On parle déjà, avant les vendanges de cet automne 2020, de deux, voire trois récoltes de vin non commercialisé dans les caves », note le journaliste suisse Pierre Thomas sur son blog. Pour faire face à la surproduction, les quotas de production avait été réduits l’an dernier, mais désormais c’est la pandémie du coronavirus qui mine le secteur vitivinicole suisse. Même si les ventes suisses se maintiennent en grande distribution par rapport à 2019 selon l’organisme Swiss Wine Promotion et que le confinement semble rapprocher les consommateurs des produits suisses, y compris les vins, les producteurs se rendent à l’évidence : « Lorsque les mesures restrictives seront levées, les pertes enregistrées durant cette période de crise due au Covid-19 ne vont pas être compensées. Une réactivation des canaux de vente ne signifiera pas un retour à la situation normale, les gens ne reprendront pas leurs habitudes en un claquement de doigts. A cela s’ajoute que les touristes vont manquer en 2020. Les caves risques de rester pleines et la capacité d’encavage va manquer », analyse la FSV. Et celle-ci de demander, entre autres mesures, une aide supplémentaire à la promotion ; la mise en place d’une obligation des importateurs à travailler également avec des vins suisses et pas seulement avec des vins étrangers ; l’analyse d’un déclassement facultatif du vin AOC en vin de table et autres catégories inférieures ; l’introduction d’une réserve climatique ; une campagne de jus de raisin 2020 ; et l’assurance que les travaux viticoles vont pouvoir se poursuivre, éventuellement avec de la main d’œuvre étrangère.
Menacé de faillite, le premier producteur de vins suisses Provins vient d’être repris par la société coopérative agricole fenaco. La reprise a été annoncée le 16 avril, suite au vote de 80% des 3 000 coopérateurs de Provins qui ont massivement plébiscité la création d’une société anonyme et l’arrivée de fenaco comme actionnaire majoritaire. Fenaco, qui détiendra 70% du futur capital-actions et va injecter 50 millions de CHF (soit 47,5 M€) dans Provins, est présent dans de nombreux secteurs, dont les magasins de détail Volg et Landi, les produits alimentaires, les engrais, les boissons (Ramseier Suisse) et les vins avec DiVino. Pour sa part, Provins exploite 780 hectares de vignes disséminées sur tout le territoire valaisan, propose 110 cuvées réparties dans une vingtaine de gammes, et approvisionne tous les secteurs du marché, des grands distributeurs aux particuliers en passant par les restaurateurs gastronomiques. Sa production représente environ 20% de celle du canton de Valais et environ 10% de celle du pays.