Une consommation en baisse de plus de 20% au cours des deux dernières décennies, une concurrence de plus en plus rude exercée par les vins étrangers, des stocks importants et la réduction des quotas de production cette année pour faire face à la surproduction se sont soldés par une montée de la colère, notamment chez les jeunes vignerons. Réclamant une réduction du contingent d’importation et une augmentation des taxes à l’importation, ces derniers ont peu de chances de voir leur vœu exaucé, d’après les principales organisations professionnelles, qui ont d’ores et déjà appelé à la vigilance contre les débordements et les risques d’écorner l’image des vins suisses lors de la manifestation lundi prochain. « De nombreuses interventions dans ce sens ont déjà eu lieu au Parlement et se sont toutes soldées par un échec, la raison étant qu’il n’existe pas de marge de manœuvre pour aller dans le sens demandé », a rappelé la semaine dernière la Communauté interprofessionnelle du Vin Vaudois (CIVV) dans un communiqué. Pour rappel, le contingent tarifaire d’importation de vins étrangers est fixé à 1,7 millions d’hectolitres et englobe les vins rouges et blancs.
A cette revendication, les organisations professionnelles préfèrent tenter de peser sur la consommation et d’encourager leurs compatriotes à consommer davantage de vins suisses. A l’heure actuelle, 65% de la consommation est assurée par les vins importés. Sous le slogan « Vins suisses sans hésiter ! » l’organisme Swiss Wine Promotion vient de lancer une campagne d’envergure pour inciter les Suisses à consommer local. Prévue sur deux ans, la campagne ciblera dans un premier temps, la grande distribution qui représente près de 60% des ventes de vins suisses. Bénéficiant du soutien des différents organismes professionnels et de l’Etat, les premières actions débuteront sur cette période de fin d’année et chercheront à mettre en avant l’identité des vins suisses. Des chaînes comme Coop, Denner, Spar et Landi se sont déjà engagées à promouvoir davantage les crus helvétiques, dont les coûts de production les rendent moins compétitifs que les vins étrangers, malgré les taxes. Puis, tout au long de 2020, de nombreuses actions de promotion sont programmées, à la fois en grande distribution et dans le secteur CHR. « Il suffirait que les consommateurs de vins achètent deux bouteilles de vin local à la place de vin importé pour aider nos jeunes vignerons » a argumenté Pierre-Gabriel Bieri du Central patronal. Dans cet objectif, l’Etat met la main à la poche, en abondant de quelques millions de francs le budget normal selon le journaliste suisse Pierre Thomas.
En dehors de ces efforts promotionnels, la CIVV affirme qu’il « est attendu de la Confédération qu’elle donne son feu vert à la mise en place d’une réserve climatique propre à garantir une meilleure régulation de l’offre et qu’elle réduise l’incitation au tourisme d’achat en abaissant de cinq à deux litres la quantité de vin pouvant être importée en franchise de taxe ». Rappelons que la Suisse représente la neuvième destination à l’export des vins français en volume et en valeur et que sa proximité géographique en fait une source d’approvisionnement en vins pour les voyageurs suisses.