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Comment les vins chinois usent, abusent et s’infusent de mentions françaises
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Château, cru, embouteillé à la propriété...
Comment les vins chinois usent, abusent et s’infusent de mentions françaises

Entre références inévitables et grille de lecture commerciale, le vignoble de Chine ne copie pas aussi automatiquement que l’on pourrait le croire les termes traditionnels protégés en France.
Par Alexandre Abellan Le 19 novembre 2019
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ualifié par certains économistes de nouveau nouveau monde viticole par sa liberté de créer et de s’affranchir des règles et traditions, le vignoble chinois n’en reste pas moins très inspiré par l’ancien monde européen pour faciliter la lisibilité de son offre sur le marché chinois. Aux côtés des calligraphies léchées de noms de cuvées en mandarin, on trouve nombre de mentions anglaises (estate, winery, reserve…) et surtout françaises (château, grand cru, terroir… sans oublier les cépages). En témoigne la cuvée haut de gamme du château Changyu Moser (partenariat entre le groupe chinois Changyu et la famille autrichienne Moser dans la province du Ningxia*). Son étiquette affiche ainsi un tampon rouge particulièrement original indiquant : « 酒在装瓶, estate bottled, mise en bouteille au château » (voir photo ci-dessous).

« Cette idée a été proposée par Lenz Moser, le directeur œnologique de la propriété. Il a introduit ce système européen car nous possédons notre propre ligne d’embouteillage » explique John Ho, le responsable de la production du château Changyu Moser, qui possède 150 hectares de vigne en propre et 200 ha sous contrat, pour une production de 2 millions de cols par an. Une échelle bien industrielle et éloignée du concept français plus artisanale de mise en bouteille au château.

Mentions traditionnelles

Faute de réelle réglementation encadrant précisément la production de vin en Chine (des autorisations administratives sont nécessaires pour produire du vin, le commercialiser domestiquement et internationalement), l’étiquetage des bouteilles est particulièrement libéral (avec l’obligation que le vin soit à 80 % minimum de la province indiquée et à 75 % au moins du cépage unique revendiqué). Cette liberté n’implique pas toujours des copies sans recul, l’usage des mentions traditionnelles françaises servant de vocabulaire international à un jeune vignoble en quête inspiration pour se positionner sur un marché de consommation domestique encore émergent, qui a été balisé par les vins rouges de Bordeaux.

Dénominations plus industrielles

« Le terme château correspond mieux à notre philosophie de production. Il était possible de mettre estate ou winery, mais ce sont des dénominations plus industrielles. Château est plus précis pour le marché domestique » explique ainsi Yang Weiming, le maître de chai du château Zhihui Yuanshi (130 hectares pour 200 000 cols par an). « Château nous permet de nous différencier et d’affirmer notre qualité supérieure » renchérit Lu Xinun, le maître de chai du château Tienfu (groupe Cofco). Dont le nom se traduit d’ailleurs château Terroir à l’export. Ce qui n’empêche pas une production particulièrement conséquente de 5 millions de cols annuels (sur 300 hectares vignoble en propre et achats).

Grands crus classés

Si l’utilisation des termes châteaux ou mis en bouteille ne correspond pas aux canons français, le modèle de protection de l’origine commence à infuser progressivement en Chine. Protégée depuis 2003 par le statut de produit d’origine, le bureau des vins du Ningxia Helan esquisse des recommandations à défaut de législation avec un principe de classement par cru des domaines volontaires. Pour peu qu’ils vinifient uniquement leur vignoble, affichent un outil de production maîtrisé et soient bien notés par les dégustateurs. Lancée en 2013 et révisée tous les deux ans (avec une possibilité de promotion édition après édition), cette initiative va du « cinquième cru classé » au « premier cru classé » (voir photo ci-dessous).

Il y a de quoi se faire s’étrangler les tenants bordelais et bourguignons du concept de grand cru, mais aussi de quoi poser les bases d’une autorégulation de la production. Sur plus d’un millier de domaines vinificateurs dans le Ningxia, 86 sont classés dans cette catégorie de « crus de châteaux ». Allant de pair avec la professionnalisation de la filière du Ningxia (massifs, ses outils de production sont déjà très technologiques), cette évolution pourrait annoncer une émancipation de la filière chinoise de son modèle européen (pour ne pas dire bordelais).

Copier les vins de Bordeaux

« Mes premiers millésimes, je n’y connaissais rien et j’ai commencé par copier les vins de Bordeaux. Par exemple avec 100 % de barriques neuves pour l’élevage. Et puis j’ai commencé à ne plus vouloir être un vin au style bordelais, mais à celui de mon terroir et de mon climat » rapporte Zhang Jing, la cofondatrice de Helan QuingXue Vineyards (26 ha pour 60 000 cols/an). « Nous avons gagné en confiance et les vignes en âge, ce qui nous permet de réaliser beaucoup d’essais. Des fois ils sont réussis, d’autres fois non. Mais il faut essayer pour trouver. » Le vignoble chinois tient bien du nouveau nouveau monde viticole en se laissant les moyens de s’adapter à ses conditions de production et perspectives de commercialisation.

 

* : Ce reportage est réalisé dans le cadre d’un voyage de presse organisé par le bureau des vins du Ningxia et le salon ProWein (Messe Düsseldorf).

 

Lancé en 2015, le projet Changyu Moser implique la quinzième génération de vignerons de la famille Moser.

 

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Maury Fran?ois, oenologue Le 25 janvier 2020 à 15:43:42
Après avoir été façonnés au goût des Anglais, qui les ont mis à la mode, les bordeaux sont copiés par les Chinois!!! C'est comme les pains au chocolat, les Anglais disaient "bread with chocolate in" qui est devenu "chocolate in" puis françisé dans le sud-ouest (encore le sud ouest!!) en chocolatine.....Bon courage les bordelais!!! A méditer.....
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