ombant en pleines tries des raisins botrytisés, les décisions du Conseil d'Etat ce 21 octobre sont encore passées inaperçues dans les vignobles AOC de Loupiac (Bordeaux) et de Monbazillac (Bergerac). La plus haute juridiction administrative rejette pourtant les demandes d’annulation de leurs cahiers des charges de juin 2014, qui leur retire la possibilité de chaptaliser leurs vins liquoreux. Un retrait qui revient à une mise en conformité au règlement européen n°1308/2013 souligne le Conseil d’Etat. Les juges rappelant que ce texte interdit l’enrichissement par sucrage à sec ou par moût concentré rectifié (MCR) pour les vins ayant un titre alcoométrique volumique total (TAVT) supérieur à 15 degrés (y compris en sucre résiduel).
Si l’administration française a obtenu en 2018 la possibilité de recourir à des Techniques Soustractives d’Enrichissement (TSE), le syndicat viticole de Loupiac et la Fédération des vins de Bergerac et Duras souhaitaient avec leurs recours rétablir l’égalité de traitement avec les autres AOC (seuls les liquoreux étant bannis d’office de la chaptalisation) et avoir une alternative moins coûteuse que les TSE en cas de millésimes défavorables (inexistants depuis 2015 et la suppression de la chaptalisation reconnaissent les deux AOC). Face à l’arrêt du Conseil d’Etat, « le résultat est clair, nous allons en rester là et souhaiter avoir longtemps de très belles arrières saisons pour élaborer nos vins dans de bonnes conditions » réagit le vigneron Daniel Sanfourche, président de l’AOC Loupiac.
Le dossier de la chaptalisation des vins liquoreux pourrait cependant connaître de nouveaux rebondissements avec la prochaine réforme de la Politique Agricole Commune (PAC). Des vins liquoreux d’appellation envisagent ainsi de profiter de ces débats européens pour réintégrer les méthodes additives aux vins dont le TAVT dépasse 15 % vol (en cas de conditions climatiques défavorables et dans la limite d’un TAVT de 19°). Formulée cet été, « cette demande est toujours d’actualité. Nous avons un consensus dans la majorité des appellations de France pour signer cette demande : Monbazillac, Loupiac, Côteaux du Layon, Jurançon… » pose Guillaume Barou, le président de la section interprofessionnelle Monbazillac à Bergerac.