Je suis sûr que l'on va dans le mur. Il faut en finir avec les demi-mesures et les faux semblants » estime Xavier Planty, le co-propriétaire du château Guiraud (128 hectares en bio de premier grand cru classé en 1855 de Sauternes). Opposé au déploiement des variétés résistantes au mildiou et à l’oïdium dans les appellations d’origine et partisan d’un arrêt rapide de la chimie en général et du glyphosate en particulier dans tout le vignoble, le vigneron reconnaît être une voix minoritaire parmi les institutions bordelaises. Mais il continue d'essaimer ses réflexions, lui siège au Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB) et à la Fédération des Grands Vins de Bordeaux (FGVB) en tant que président du syndicat viticole de Sauternes.
« De toute façon on sera obligé d’y passer, et pas seulement pour des raisons techniques, mais aussi pour le commerce et la stratégie d'AOC. Les pratiques mises en place sont délétères, seule une agriécologie puissante et soutenue sauvera les vins de Bordeaux » estime Xavier Planty, qui met au centre du système viticole la vie des sols. Qui est à son sens le grand oublié de la viticulture moderne.
« Le sol, source de toute vie, doit être respecté et amélioré par la suppression immédiate des herbicides, par des pratiques de travail du sol douces » estime-t-il, ajoutant que « la recherche d’un enherbement naturel, si possible, privilégié afin de capter la seule source d’énergie gratuite : le soleil. De septembre à avril, la vigne sans feuille ne capte rien. Seule la végétation est efficace pour stocker cette énergie et la restituer au sol, puis à la vigne par enfouissement. Le sol est ainsi nourri et vivant. » Les engrais chimiques étant à son sens un intrant à supprimer au plus vite.


Loin de voir les défis actuels du vignoble bordelais comme des difficultés, Xavier Planty y pressent des opportunités : « la situation actuelle du marché, les affaires plus au moins avérées, doivent nous permettre de nous ressaisir. Il faut agir vite. » Le vigneron concluant qu’« avec une telle feuille de route le Bordeaux ne peut que retrouver ses clients qui attendent de nous des vins francs, fins, sapides, expressifs, sans artifices. Le vrai Bordeaux. »